C'est littéralement l'explosion depuis le début du mois d'août. Un contraste avec juillet qui a été d'un calme inquiétant pour les commerçants du coin. On dirait que les Algériens se sont entendus pour prendre leurs vacances tous ensemble et au même endroit. Les places dans les hôtels et autres pensions sont rares à El Kala. Pour le logement chez l'habitant, celui qui n'a pris ses dispositions à l'avance, longtemps à l'avance, devra se contenter des derniers choix ou payer le prix fort. Les locations à El Kala s'échelonnent entre 5000 et 12000 DA la nuit pour une famille de 4 personnes, deux adultes et deux enfants. «Beaucoup, beaucoup plus cher qu'en Tunisie», selon des vacanciers de retour de ce pays. En juillet, les prix étaient abordables dans les zones touristiques de Nabeul, Hammamet et Sousse. Comme les années précédentes, «rien de changé pour nous», disent les habitués. On dirait que l'attentat de Sousse n'a pas eu lieu, même si les Tunisiens s'en plaignent constamment. 120 et 160 dinars tunisiens une chambre dans un 4 étoiles, soit une moyenne de 10 000 DA au taux du marché noir (1 DT pour 72 DA) que proposent de jeunes cambistes au bord de la route, à Om Tboul. Nouveauté cette année : ils proposent aussi de reprendre les dinars tunisiens s'il vous en reste à votre retour. Mais cela ne saurait durer. «Il en sera autrement en août avec la grande migration des Algériens vers la Tunisie», assurent les vacanciers qui rentrent. Flux Là-bas, on attend les Algériens de pied ferme. Surtout dans la catégorie «logement chez l'habitant», la plus prisée des Algériens et des Tunisiens car elle permet de faire de substantielles économies pour les uns et des revenus pour les autres. «Les Algériens sont des gens de parole ; ils ont promis de venir en masse pour soutenir le Tunisie, frappée en plein cœur par les attentats du Bardo et de Sousse», flattent nos voisins de l'Est. Mais pas tous. Pour les opérateurs dans le secteur touristique, c'est «se contenter de merles à défaut de grives» et on ne le cache pas. Il en a d'ailleurs toujours été ainsi, il y a toujours eu une préférence pour les Européens qui dépensent plus. Une contrevérité dénoncée, du reste, par des experts tunisiens qui reprochent aux hôteliers de faire des raccourcis avec des comparaisons sans fondement économique. Au poste frontalier d'Om Teboul, un commerçant de Blida nous a confié qu'il avait l'intention de consacrer entre 250 000 et 300 000 DA (3500 DT à 4000 DT) pour un séjour de 10 jours en hôtel à Sousse. D'autres familles, généralement de quatre membres, avouent qu'elles ont payé 150 000 et 200 000 DA (2000 à 2700 DT) pour 8-10 jours. C'est parfois bien plus que le prix payé par les touristes européens à leur tour opérateur pour un même séjour. Mais qu'en est-il vraiment ? Le poste frontalier d'El Kala enregistre ces derniers jours des «flux importants, jusqu'à 6000 passages/jour», indique une source digne de foi. Beaucoup moins que l'année dernière où, à la même période, l'on enregistrait 8000 à10 000 passages/jour. Les vacanciers qui ont réservé individuellement ou par le biais d'agence de voyages forment le contingent le plus nombreux. Au poste de Haddada, la mise en place depuis 15 jours de la formule «autopassage» a considérablement réduit l'effet de foule. Les Algériens qui l'avaient fait n'auraient-ils pas tenu leurs promesses ? Possible. Par contre, les autorités tunisiennes avaient promis de supprimer la taxe de 30 DT, c'est certain. C'est ce qui se dit sur la frontière.