La vallée du Cheliff est frappée de plein fouet par la désertification, et son corolaire, la salinisation des sols, et on s'attend à ce qu'elle augmente encore. D'ores et déjà, le manque de ressources hydriques se fait nettement sentir et les superficies cultivables ne cessent de se réduire. Ainsi, des centaines d'hectares sont devenus des terres incultes, notamment à Bir Saf Saf, Oued Fodda et à Sendjas, et la superficie des vergers agrumicoles est restée presque la même depuis des années, soit 5800 ha, malgré le programme de replantation du périmètre en question. De l'avis de spécialistes, le phénomène de désertification est lié notamment à la faible superficie forestière qui ne représente que le quart de la surface totale de la wilaya, estimée à 4791 km 2. Il s'est traduit par une déperdition du potentiel arboricole et des pertes considérables de terres fertiles. Les dégâts n'ont pas encore été quantifiés, mais ils restent très importants, selon le professeur Djamel Saidi, enseignant au département de biologie de l'université Hassiba Benbouali de Chlef. En effet, les recherches qu'il a menées dans le domaine montrent que le problème ne fait que s'accentuer avec des effets désastreux sur la production agricole, en particulier celle des agrumes. «Les plaines du Cheliff (Haut-Cheliff, Moyen-Cheliff et Bas-Cheliff), qui constituent pourtant des périmètres à haut potentiel de production, sont particulièrement exposées à la salinisation qui augmente leur dégradation et la baisse des rendements. Le gradient de salinité, qui évolue d'ouest vers l'est de la région du Cheliff, constitue un facteur limitant dans toute production agricole, surtout celle des agrumes. La gestion de ce risque exige la prise en compte des caractéristiques du sol, de la qualité de l'eau d'irrigation et des conditions locales, incluant le climat, les cultures, l'environnement économique, social, politique et culturel, et les systèmes de cultures existants», souligne-t-il dans son étude consacrée à ce phénomène. Parmi les facteurs aggravant la salinisation, le chercheur cite la nature des sédiments, la topographie, le climat, les eaux d'irrigation, le drainage, la fertilisation et d'autres facteurs d'ordre socioéconomique. Et de s'interroger par ailleurs sur les défis qui restent à relever : comment éviter, à terme, la perte d'usage agricole de terres déjà cultivées, par suite d'une dégradation progressive de leur fertilité ? Comment créer de nouvelles superficies de terres cultivées et irriguées, alors que les sols les plus faciles à mettre en valeur sont déjà utilisés, et que les eaux d'irrigation de bonne qualité se font rares ? Comment gérer l'eau dans ces régions, que ce soit sur le plan quantitatif (la ressource est déjà en grande partie utilisée) ou sur le plan qualitatif (la qualité des eaux se dégrade) ? Plus généralement, comment améliorer la production sans compromettre la «qualité» du milieu, dans ses dimensions physiques, biologiques et humaines ? Les préoccupations environnementales deviennent partout un élément clef d'une agriculture qualifiée de «durable». Les forestiers tentent d'endiguer le fléau Les services des forêts tentent, pour leur part, de juguler l'érosion des sols en luttant contre la désertification par un vaste programme de reboisement. Celui-ci est principalement concentré sur les trois grands bassins versants de Kef Eddir, à la limite avec Damous, Sidi Yacoub et Oued Lagh, au sud-ouest de la wilaya. «Nous procédons annuellement au reboisement de 1000 hectares de plants en forêt à travers la wilaya», a-t-on précisé à la Conservation des forêts de Chlef, ajoutant qu'une station de l'Institut national de recherche forestière, implantée à Ténès, est chargée de la reforestation des espaces naturels dégradés.