Depuis de nombreuses semaines, le marché de l'or noir connaît un déséquilibre entre la demande et l'offre. Selon les experts, l'excès d'offre mondiale de pétrole, par rapport à la demande, s'établit désormais entre 1,5 et 2 millions de barils par jour et peut justifierun baril entre 45 et 50 dollars. Dans son rapport mensuel publié hier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient confirmer cet état de fait en affirmant que «l'offre globale continue de croître à toute allure en dépit d'un effondrement des prix du pétrole». Les mis en cause dans cette surabondance ne sont autres que «les principaux membres de l'OPEP, Arabie Saoudite et Irak en tête», affirme l'AIE. Selon elle, ces deux pays seraient en train de procéder à des «pompages musclés» et aucun «ralentissement» de la production n'est décelé «depuis que l'Organisation a décidé, en novembre dernier, de ne pas réduire sa production pour contrer l'expansion du pétrole de schiste». L'AIE précise, cependant, qu'un processus de «rééquilibrage a clairement commencé», en ce sens que l'offre de pétrole en provenance de pays non membres de l'OPEP devrait «décélérer jusqu'à la fin de l'année et décliner en 2016», en particulier aux Etats-Unis. Le rapport de l'AIE fait remarquer, néanmoins, que ce processus de rééquilibrage est «susceptible de se prolonger compte tenu d'une offre excédentaire qui devrait perdurer tout au long de 2016» et conduire à une accumulation des stocks de pétrole. Une envolée de croissance A l'hypothèse d'une probable décision de réduction de la production pétrolière de la part des pays non affiliés à l'OPEP, l'AIE rétorque que «même avec un ralentissement de la production de ces pays et une croissance plus forte de la demande, un surplus assez important demeure», précisant que ses «prévisions ne tiennent pas compte d'une éventuelle augmentation de la production iranienne avec une levée des sanctions». La Banque mondiale, faut-il rappeler, avait estimé, lundi dernier dans un rapport, qu'une levée des sanctions contre l'Iran aurait «un impact important sur les marchés mondiaux du pétrole en faisant baisser les prix du baril de brut de 10 dollars dès 2016». S'agissant de la consommation, le rapport de l'AIE prévoit, en 2015, une croissance planétaire sur la demande en pétrole de 1,6 million de barils par jour (mbj) «portée par une croissance économique qui se consolide et une baisse des prix conduisant les consommateurs à utiliser plus d'essence». Pour l'AIE, il s'agit de « la plus forte envolée de croissance en 5 ans», l'ayant amené à réviser à la hausse de 260 000 barils par jour sa prévision pour 2015 et tabler, par ricochet, sur une demande en progression de 1,4 mbj en 2016, soit une augmentation de 410 000 b/j par rapport à son estimation précédente. Dans son rapport mensuel paru mardi dernier, l'OPEP a, elle aussi, de nouveau révisé à la hausse sa prévision de la demande de brut pour 2015, et continue de tabler sur une accélération de la demande l'an prochain. L'Organisation prévoit une demande de 1,38 mb/j en 2015, soit une augmentation de 100 000 b/j. Pour 2016, elle évoque, comme lors de ses premières prévisions publiées en juillet, une accélération de la demande de l'ordre de 1,34 mb/j, liée à un rebond de la croissance mondiale à 3,5% contre 3,2 % cette année. Sous l'effet d'un «surplus de l'offre» de pétrole, en particulier en provenance des pays de l'OPEP, et du dollar fort, les prix de référence du baril ont perdu 10 dollars en un mois. Le baril de brent de la mer du Nord s'échange actuellement autour de 49 dollars, contre 59 le mois dernier, et celui de light sweet crude (WTI) à New York, à environ 43 dollars contre 53 à la mi-juillet.