Présent déjà en Algérie par l'intermédiaire de sa filiale SDV, le groupe international français Bolloré, veut étendre ses activités et s'intéresse, désormais, à la filière algérienne de viande bovine. Il entend, ainsi, s'impliquer dans les divers projets de partenariat en maturation au niveau de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie en France (CACI France). Au cours d'une rencontre consacrée à la filière bovine, organisée récemment à Paris, le groupe a montré, en effet, son intérêt pour la filière et s'est proposé d'apporter sa contribution dans sa spécialité, à savoir le transport et la logistique. «Le groupe n'est pas le seul à avoir affiché l'intérêt pour les projets de partenariat que nous sommes en train de préparer avec nos partenaires français spécialistes de la filière. Beaucoup d'opérateurs, Français et Algériens, en ont exprimé leur attention et une autre rencontre avec des organes représentants de la filière bovine, prévue à la rentrée sociale, devra définir plus concrètement les projets de partenariat à lancer dans ce domaine», nous a confié Kaci Aït Yala, président de la CACI France. A l'origine de cette initiative, «la crise que traverse en France la filière bovine, plombée par un problème de compétitivité sur les prix, par rapport à l'Allemagne et la Hollande», explique M. Aït Yala. La CACI France a aussitôt saisi l'occasion pour proposer aux éleveurs français et aux intervenants dans la filière de «profiter du dispositif de coopération mis en place par les autorités des deux pays afin d'engager un partenariat gagnant-gagnant sur le principe de la règle des 49/51%», souligne le même responsable. Selon lui, la création de joint-ventures et autres sociétés mixtes sur l'ensemble de la chaîne de la filière (alimentation, abattage, transformation, boucherie, tannerie et production de lait) permettrait de secourir la filière bovine française, mais aussi de rendre la filière algérienne compétitive à l'export et de profiter pleinement des avantages comparatifs (proximité géographique, faible coût de l'énergie et de la main d'œuvre). Les opportunités de codéveloppement dans cette filière ne devraient pas se «limiter au seul secteur public», en ce sens que le privé recèle d'énormes potentialités, notamment parmi les adhérents du FCE, dont le président, Ali Haddad, «a personnellement encouragé ce genre d'initiative, pour peu qu'elle soit en harmonie avec le travail qu'entreprend le ministère en charge du secteur» fait remarquer Kaci Aït Yala. Il faut savoir que l'autosuffisance en viande bovine en Algérie n'est que de 55%, et de seulement 45% pour le lait. La viande bovine et les animaux vivants représentent 4% des importations de produits agricoles et agroalimentaires pour un coût de 9 milliards de dollars par an. Entre 2008 et 2014, ces importations ont connu des progressions spectaculaires, puisque le volume est passé de 900 bovins vivants de plus de 160 kg en 2008 à 15 000 têtes en 2014. Il s'agit aussi de carcasses originaires d'Inde (85%) et du Brésil (15%), ou d'animaux vivants élevés en France et en Espagne essentiellement. La production de viande bovine a, certes, connu un accroissement de 60% entre 1990 et 2013, mais les besoins nationaux en ce produit, dont la consommation est en constante augmentation, sont loin d'être totalement couverts en raison de multiples dysfonctionnements qui émaillent la chaîne de production. Une rencontre est justement prévue, demain, entre le ministère de l'Agriculture et la Fédération nationale des éleveurs pour un faire état des lieux de la filière.