Ils sont plusieurs dizaines de travailleurs d'ArcelorMittal, Pipes and Tubes (Ampta), ex-unité Tuberie sans soudure (TSS), à avoir répondu, hier, à l'appel de leur syndicat pour tenir un regroupement au niveau de l'usine qui abrite leur unité, avons-nous constaté sur place. Durant près d'une heure, ils ont scandé des slogans hostiles à l'employeur qui, selon eux, ne veut pas satisfaire leurs revendications. Cependant, le réveil des vieux démons a quelque peu altéré la nature de cette manifestation qui se voulait «syndicale» par ses initiateurs, lorsque Kechichi, ancien secrétaire général du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal Algeria (AMA), et quelques anciens syndicalistes se sont associés à ce mouvement pour exprimer leur solidarité avec les grévistes d'Ampta. Au micro, Kechichi a appelé à la destitution du secrétaire général du syndicat d'AMA qui lui a succédé, Amouri Noureddine. «Nous ne voulons plus de ce syndicat qui soutient l'employeur au lieu des travailleurs d'Ampta avec lesquels nous sommes solidaires», a fustigé l'ancien syndicaliste devant les sidérurgistes protestataires. Avant de se disperser dans le calme, les grévistes ont tenté de forcer l'entrée. Cependant, l'impressionnant dispositif sécuritaire, mis en place devant l'usine, a avorté cette tentative. Du côté de la direction générale qui a pris acte de cette immixtion de Kechichi, l'un des employés de l'unité Ateliers métallurgiques maghrébins (AMM) qui dépend de l'AMA, a vite mis à exécution ses menaces. En effet, accusé d'atteinte à la stabilité de l'usine, l'ancien secrétaire général du syndicat d'AMA a été suspendu, quelques heures après, par la direction générale administrative (DGA), qui lui reproche d'«avoir incité les travailleurs à un regroupement illégal au sein du complexe, causant des troubles et ayant porté de graves atteintes à la stabilité et au pacte de stabilité social de la société». Avant-hier, dans un communiqué rendu public, la direction générale a invité «l'ensemble des travailleurs à observer une grande vigilance au niveau des unités en vue de préserver l'outil de travail et ne pas répondre à cet appel en continuant à travailler normalement, en restant à leur poste de travail et en se mobilisant pour contrecarrer ces agissements». Usant d'un langage ferme, la même source a averti que «tout travailleur qui prendra part à ce groupement ou à tout autre acte illégal fera l'objet de mesures disciplinaires prévues par le règlement intérieur». Rappelons que la semaine dernière, le secrétaire général du syndicat et le président du comité de participation ont été licenciés par la direction générale d'ArcelorMittal Algeria. Pour elle, ils ne sont plus habilités à représenter les travailleurs, car aucune relation de travail ne les lie à l'entreprise. «Vu la gravité des faits qui leur sont reprochés, cette décision est irrévocable», a estimé ArcelorMittal.