Des files d'attente désordonnées se sont formées dès le petit matin aux abords de cette crèche des Bananiers, à Mohammadia (Alger). Des véhicules, garés le long des trottoirs, ferment presque la route qui traverse les tours couleur jaune du site AADL Zerhouni Mokhtar, d'habitude plus calme. Des parents, surexcités, se bousculent à l'entrée de cette crèche de l'EPIC Presco. L'ouverture des inscriptions a provoqué le rush dans les quelques rares crèches de la capitale, certains établissements privés n'ayant pas encore ouvert leurs portes. J'ai été obligée de jouer des coudes pour récupérer la quittance afin de renouveler mon inscription. J'ai fait le tour des crèches à Tamaris, Lavigerie. Toutes étaient fermées à double tour», raconte, épuisée, cette maman qui a cherché d'abord à placer son enfant de trois ans dans une «crèche potable» du privé. Des parents de retour des grandes vacances suent eau et sang pour trouver un établissement dans une capitale où l'offre est trop faible : à peine 300 crèches publiques et privées. L'EPIC de wilaya, Presco, ne dispose que de 35 crèches opérationnelles pour une capacité d'accueil de seulement 4575 places. L'établissement a engagé des travaux de réhabilitation qui l'obligent à fermer partiellement ou complètement certaines de ses structures. «Nous aurons, pour cette rentrée, 10 nouvelles crèches dont la capacité est de 1030 places. Il y a eu quatre crèches en travaux à Hydra, Gué de Constantine, Tripoli et Bologhine. Elles vont ouvrir à la rentrée, dimanche 6 septembre», se réjouit Messar Merouane, directeur de l'établissement public de gestion des structures préscolaires de la wilaya d'Alger. Cet EPIC devra prendre en charge, cette année, des crèches appartenant à l'APC suite à l'instruction prise le 2 mai 2014 par le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, qui a décidé réactivé une décision de son prédécesseur, Kebbir Mohamed Addou. Certaines de ces structures «reprises» connaissent des travaux, parfois très importants. «Nous allons gérer à l'occasion de cette rentrée 9 nouvelles crèches appartenant aux communes. Il y a une crèche à la cité Daboussi, à Draria, que nous pensons pouvoir ouvrir le 1er octobre. Cette crèche est équipée et le personnel est disponible. Il y a par contre d'autres crèches où nous devons lever des réserves liées aux raccordements aux réseaux de distribution d'électricité, de gaz, d'AEP, etc., pour les ouvrir dans quelques semaines, au plus tard fin octobre. Il s'agit de crèches communales situées à Bourouba, Dély Ibrahim, Hammamet et Bouzaréah. Nous allons également réceptionner une ancienne crèche de la cité Djenane Mebrouk à Bachdjarrah. Là, nous devons reprendre les sanitaires surtout pour la conformité des lieux», précise Messar Merouane. L'établissement devra s'occuper d'autres structures, dont l'ouverture est tributaire de la levée de «réserves de fond». «Nous avons plusieurs autres structures, dont l'ouverture n'est pas prévue dans l'immédiat comme pour les structures où des travaux minimes sont déjà lancés. Elles sont situées à Bab Ezzouar, Kheraïssia et Birtouta. C'est la deuxième tranche de notre programme», signale le directeur. «Crèches subventionnées» Le Fonds commun des collectivités locales (FCCL), mis en place par le ministère de l'Intérieur en 2006, devait permettre la construction d'un jardin d'enfants par commune pour répondre aux besoins des parents. Le projet n'a pas été concrétisé suite au manque d'«engagement» des élus locaux, qui devaient trouver une assiette foncière. «Il y avait pour Alger le projet de réalisation de 34 crèches, dont 14 sont réceptionnées et opérationnelles. Il y a eu des subventions pour 10 autres, alors que 10 autres encore sont en chantier. Nous avons actuellement 40 crèches contre 23 en 2007. On vaatteindre les 50 crèches après la concrétisation de tout le programme FCCL. Les APC ne nous contactent pas dans certains cas», regrette M. Messar, qui fait remarquer qu'il y eu extension du domaine de compétence de son établissement vers l'extra-muros (Baraki, Sidi Moussa, Ouled Chebel). Qu'en est de l'accueil dans ces structures ? Des parents, tout comme certaines éducatrices, regrettent la situation dans des crèches : hygiène parfois douteuse, repas maigres, éducatrices indélicates, etc. Le directeur, critiqué par une partie de son personnel dans une fronde menée par certaines éducatrices, assure que son administration est en pleine «restructuration». «Le travail de Presco est reconnu même en dehors de la capitale. Le décret 08-287 est respecté. Il faut savoir que l'Etat subventionne généreusement la prise en charge des enfants placés dans nos structures. Le coût de revient d'un enfant est de 15 000 DA, mais les parents ne payent que le tiers de cette somme (5000 DA). Les repas nous coûtent plus de 5 millions de dinars par mois», signale le directeur. «S'agissant du programme dispensé, c'est celui de l'éducation nationale pour le préscolaire. Nous avons un conseiller en psychopédagogie à la direction chargé des activités. S'agissant du menu, il est en constante amélioration. Des travaux ont été engagés en décembre dernier dans la cantine centrale du 1er Mai. Les opérations ont été achevées en juin. Tout notre établissement connaît des travaux de réhabilitation», ajoute-t-il.