Les déclarations de Madani Mezrag ont suscité la colère des victimes du terrorisme et les différents corps paramilitaires qui ont participé à la lutte antiterroriste. Les gardes communaux se sont réunis deux jours après l'annonce à Alger pour décider de l'organisation d'un sit-in le 13 septembre à Batna. Les patriotes, eux, envisagent une rencontre dans les jours à venir. Parmi les indignés, Abdenour Banouh, 42 ans. Il a rejoint les rangs des gardes communaux à l'âge de 22 ans. «C'est l'immobilisme de l'Etat qui m'intrigue et non le dynamisme de Mezrag. J'ai sacrifié ma jeunesse au service de mon pays pour me rendre compte à la fin que le terroriste, Mezrag, est mieux considéré que moi. J'ai perdu tout espoir en mon pays.» Son compagnon de combat, Mhenna Hayed, ancien imam à Tizi Ouzou, qui décide en 2003 de quitter sa mosquée et se lancer dans la lutte contre le terrorisme s'interroge : «Pourquoi sommes-nous méprisés par le pouvoir ? Il m'a fallu du temps pour comprendre aujourd'hui que l'AIS et le pouvoir sont pareils. Tous les deux lâches.» Ali Bouguettaya, 61 ans, patriote à 33 ans, remercie le Premier ministre de s'être engagé à ne pas autoriser le parti de Mezrag. «Je trouve encore plus grave que Mezrag ait été invité pour discuter la réforme de la Constitution, de l'avenir de nos enfants, par la Présidence. Il devrait remercier les millions d'Algériens qui l'ont laissé vivant après tous les crimes qu'il a commis. Nous sommes plus 115 000 familles et nous ferons tous pour que ces terroristes se taisent à jamais», promet-il. Mohamed Boumaali, 55 ans, lui qui a débuté à l'âge de 25 ans au service technique de la 1er Région militaire de Blida, n'en revient pas. «Les terroristes ont assassiné deux de mes enfants avec une bombe artisanale et les militaires m'ont démis de mes fonctions, se rappelle-t-il avec amertume. Pourquoi la nouvelle du retour de Mezrag étonne-t-elle tout le monde ? Laissez Madani Mezrag établir un Etat islamique en Algérie. Laissez les Algériens s'entretuer. C'est lui le héros et non les 200 000 victimes. Il est considéré, par ce même pouvoir, qui nous a vendus, comme une personnalité publique. Soit c'est nous qui allons en finir avec lui, soit c'est lui qui en finira avec nous.»