La formation était au cœur des activités du 48e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem clôturé mercredi 2 septembre. L'avenir du théâtre algérien est dans le Sud. La troupe Al Nibrass d'Adrar est un exemple parfait. Mercredi soir à la grande salle de la maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki à Mostaganem, elle a décroché le premier prix du 48e Festival national du théâtre amateur pour la pièce Safar (Voyage) du jeune Abdelkader Rouahi. «Ce prix ouvre pour nous une grande porte sur la responsabilité, celle qui incombe à tout artiste. Nous allons continuer à faire des recherches pour nous renouveler. Il faut apprendre davantage, dialoguer, creuser dans le vaste champ du théâtre, cet art noble et sacré. En travaillant sur le patrimoine dans l'écriture du texte et la mise en scène, je savais que la spiritualité qui se dégageait de l'ensemble allait aider les comédiens à jouer d'une manière sincère et crédible sur scène», a déclaré Abdelkader Rouahi. Ses deux comédiens, Hadjar Benhassan et Abdelhakim Kouki, ont décroché le prix de la meilleure interprétation féminine et masculine. Distinctions méritées. Par contre, l'attribution du deuxième prix par le jury de Abdallah Hamlaoui à la pièce Mohand Ou Chaavane, de la troupe Ibturan de Tizi Ouzou, a suscité l'étonnement. La pièce qui relève à peine du théâtre scolaire a été «bombardée» de la catégorie B vers la catégorie A au milieu de beaucoup d'interrogations. Le deuxième jury (B) a laissé de côté Al mizbala al fadéla de Rabie Guechi de la troupe de Sidi Embarek de Bordj Bou Arréridj, une pièce aux qualités esthétiques et artistiques certaines, pour faire passer un spectacle limité sur tous les plans. Le troisième prix est revenu à la pièce Wasmatou aar (L'opprobre) de Rafik Fetmouche de la troupe Sindjab de Bordj Menaïel. Le prix d'encouragement a été attribué à la pièce Leilatou al kabdh ala Joha (La nuit de l'arrestation de Joha) de Haroun Kilani de l'Association Bencheneb de Médéa. «Je ne sais pas si je dois être heureux ou malheureux après ce prix. Je me pose des questions. Je me dis qu'il y a quelque chose d'étrange. Ce prix a été attribué à moi-même ou à l'Association ?» s'est interrogé Haroun Kilani plaidant pour que le fossé ne soit pas creusé entre professionnels et amateurs dans le domaine du théâtre. Le jury, composé également de Haïdar Benhassine, Fadéla Hachemaoui et de Medjahri Missoum a décidé de donner son prix à Abdallah Mohya, en hommage au poète, dramaturge et conteur d'expression amazighe, décédé en 2004. Zoulikha Talbi et Mahieddine Belabed ont décroché le prix du meilleur espoir féminin et masculin. Le jury a critiqué le mauvais traitement dramatique des textes, l'incompréhension du sens, la non-maîtrise des concepts et des expressions, le mélange entre adaptation et adaptation libre... Le résultat ? «Une faible construction scénique, des dialogues faibles et des caractères mal dessinés des personnages. Il y a aussi une instabilité de la ligne dramatique, des répétitions et une inadéquation entre les scénographies proposées et les textes dans les spectacles. Nous avons vu de jeunes comédiens avec de grandes capacités de jeu et une belle présence sur scène. Des comédiens qui doivent être mieux encadrés», a relevé le jury dans son rapport appelant à une meilleure utilisation de la musique comme support ou élément dramatique. Mohamed Takiret, nouveau commissaire du festival, s'est dit satisfait de cette édition, considérée comme celle du changement. «C'est un changement radical, que ce soit sur le plan artistique ou logistique. Le système de la compétition a changé. Autant que pour celui de la sélection régionale des troupes. Nous avons tracé un programme que nous avons respecté. Nous avons constaté un engouement des jeunes pour la formation. C'est une réussite», a-t-il déclaré. Le programme de la formation reprendra à partir du mois d'octobre prochain. Les stagiaires doivent travailler sur un texte de Habib Tengour. «Nous avons discuté avec les troupes participantes pour éviter les erreurs dans le futur. Cette édition est une formation pour nous en tant que nouveau commissariat composé de jeunes. Nous allons continuer sur la voie de nos aînés. Nous avons une vision et sommes déterminés à aller de l'avant. Nous allons travailler pour préparer la 49e édition du festival. Ce festival est un acquis pour l'Algérie et pour Mostaganem», a indiqué Mohamed Takiret. Selon Sid Ahmed Kara, chargé de la formation, il sera difficile de sélectionner les jeunes qui vont poursuivre le travail d'atelier durant l'année. «Nous avons remarqué un grand intérêt pour la formation. Les jeunes ont fait montre d'une grande discipline et de beaucoup de sérieux», a-t-il noté. Les participants ont été répartis durant le festival sur quatre ateliers : actorat, mise en scène, scénographie et expression corporelle. «Le festival de Mostaganem doit rester comme une école de formation pour le théâtre amateur en Algérie tel que le voulaient ses fondateurs. Ces dernières années, le festival s'est concentré sur la compétition In et les spectacles Off oubliant le volet formation», a relevé Djillali Boudjemaâ, du théâtre El Moudja où plusieurs activités ont été organisées. A noter enfin que la pièce qui a obtenu le premier prix sera présente au prochain Festival international du théâtre de Béjaïa (fin octobre 2015) et au Festival national du théâtre professionnel.