Le coordinateur régional du CNES, Mustapha Mechab, est ressorti libre hier du tribunal de Sidi Bel Abbès où il était jugé pour incitation à un attroupement non autorisé et non-respect d'une décision de justice relative au préavis de grève du 13 mai dernier. Le procès, qui a duré un peu plus d'une heure, commence par un jeu de questions-réponses entre le président du tribunal et des agents de sécurité de l'université de Sidi Bel Abbès, témoins à décharge. Dépêché le 13 mai dernier par le recteur pour constater « l'infraction », Bourada Abbas, dit n'avoir observé aucun attroupement au niveau de la faculté des sciences. « Ce jour-là, j'ai constaté la présence d'enseignants universitaires dans un amphithéâtre de la faculté des sciences et j'ai tout de suite informé mes supérieurs », déclare, pour sa part, son collègue Menouar. Dans la salle d'audience, des enseignants universitaires ne manquent pas de commenter la déclaration du témoin. « Il s'attendait à voir qui dans l'amphithéâtre ? », s'interroge l'un deux, à voix basse. Dans le box des accusés, Mechab répond aux questions du président qui lui demande des éclaircissements sur le rôle qu'il tient au sein du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES). « Je ne suis pas membre de la section de Sidi Bel Abbès mais coordinateur régional du CNES, chargé de l'Ouest », précise Mechab qui affirme ne pas comprendre pourquoi on l'accuse, lui, de mener une grève illégale alors que la décision du débrayage a été prise et entérinée à l'unanimité par une assemblée générale d'enseignants. Prenant la parole, Me Mekidèche, membre du collectif de la défense, commence par démontrer la « nullité de la procédure judiciaire » qui a abouti à l'inculpation de son mandant. Il fera remarquer, à ce propos, que le mouvement de grève entamé à Sidi Bel Abbès n'a jamais été interdit par la justice. « Les syndicalistes du CNES, après la décision rendue par le tribunal d'Alger concernant le préavis du 13 mai, ont redéposé un autre préavis au niveau local. Il n'existe aucune décision qui va à l'encontre de ce préavis, ce qui signifie que la grève est bel et bien légale », explique Me Mekidèche. Et d'ajouter : « D'ailleurs, vous pouvez vérifier par vous-même Monsieur le président que le recteur n'a pas remis en cause le deuxième préavis de grève. Il a donc approuvé la légalité de la grève. » Lui succédant, Me Boudou rappellera quelques dispositions de loi 91-02, stipulant que la grève est décidée par vote à bulletin secret. « Les enseignants ont décidé, souverainement, d'aller vers un mouvement de grève et une telle décision n'a pu être prise qu'après avoir été mûrement et longuement réfléchie », dit-il. Après les plaidoiries des avocats, le représentant du ministère public s'abstient de tout réquisitoire et demande uniquement l'application de la loi. A l'annonce de la sentence, la centaine d'enseignants syndicalistes venus de toutes les universités de l'Ouest ont exprimé leur soutien au coordinateur du CNES et ne sont pas empêchés d'applaudir le verdict dans une salle qui s'est révélée exiguë pour les contenir. A sa sortie du tribunal, Mechab, les traits tirés mais dont le mordant ne semblait guère entamé par de longs mois d'un feuilleton judiciaire de mauvais goût, dit espérer que le ministère « prendra toutes les mesures pour arrêter les poursuites engagées contre les 7 enseignants et représentants du CNES à Béjaïa », poursuivant : « Nous continuerons à lutter pour la concrétisation de notre plateforme de revendication qui est à l'origine de notre mouvement. »