Si la lutte contre Daech paraît faire l'unanimité, il n'en est pas de même pour le rôle que doit jouer Bachar Al Assad dans le règlement de la crise. La tête du dirigeant syrien est toujours réclamée par les Occidentaux, qui le qualifient de «tyran». Les lignes commenceraient-elles à bouger dans le traitement du conflit syrien ? Les résultats de la rencontre consacrée à la question, organisée lundi à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, le laissent penser. Face à l'enlisement de la crise et à la prolifération des groupes terroristes trs violents dans tout le Proche-Orient, les Occidentaux ne seraient plus contre le principe de composer avec les Russes et les Iraniens, les deux principaux alliés du président Bachar Al Assad. La raison ? La coalition militaire pilotée par Washington regroupant une soixantaine de pays européens et arabes sunnites bombarde sans succès depuis une année les bastions de l'Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. Pis encore, toutes les opérations militaires menées jusque-là n'ont pas empêché l'organisation terroriste d'élargir son territoire. Au terme d'un entretien d'une heure et demie, lundi soir au siège de l'ONU, avec son homologue russe, le président Vladimir Poutine, le président américain, Barack Obama, a fait donc savoir clairement que «les Etats-Unis étaient prêts à travailler avec tous les pays, y compris la Russie et l'Iran», dans l'espoir de trouver une porte de sortie à la guerre qui a fait plus de 240 000 morts en quatre ans et demi. La déclaration de M. Obama constitue un tournant dans la politique syrienne des Etats-Unis. Depuis 2011, les Américains se sont toujours opposés aux Russes sur le dossier syrien. Concrètement, l'idée mise sur la table par Moscou -et à laquelle souscrirait désormais Washington- consisterait, dans un premier temps, à mettre sur pied une nouvelle coalition internationale élargie pour combattre les terroristes. Un consensus à construire Faut-il s'attendre à une issue rapide au conflit syrien maintenant que tout le monde est conscient des risques que fait peser Daech sur le Moyen-Orient ? Pas dans l'immédiat, à en croire le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. C'est que les points de divergence sont nombreux entre Moscou et les Occidentaux. «Moscou et Washington vont continuer à se parler pour trouver un compromis dans le dossier syrien et la lutte contre le groupe Etat islamique. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur des étapes en particulier», a déclaré hier le chef de la diplomatie russe à la télévision russe. «Des discussions entre les ministères de la Défense et ceuxs des Affaires étrangères vont avoir lieu pour rendre notre objectif commun (...), la destruction de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI), plus réalisable», a-t-il précisé. Si la lutte contre Daech paraît faire l'unanimité entre les grandes puissances, il n'en est pas de même pour le rôle que doit jouer Bachar Al Assad dans le règlement de la crise. La tête du dirigeant syrien est toujours réclamée par les Occidentaux, qui le considèrent comme un «tyran». Pour Washington, le chef de l'Etat syrien devra partir dans le cadre d'une transition politique, même si le calendrier de sa sortie est négociable. «En Syrie, vaincre l'EI nécessite un nouveau dirigeant», a lancé M. Obama à l'ouverture d'un sommet en marge de l'assemblée générale de l'ONU consacré à la lutte contre le terrorisme. Aux yeux des Russes, M. Assad est, au contraire, un rempart contre les terroristes de l'EI. Pour marquer sa différence avec ses futurs «partenaires», M. Poutine a d'ailleurs soutenu que «ce n'est ni à Barack Obama ni à François Hollande de décider qui doit diriger la Syrie». Ceci pour dire que l'espoir, né lundi à l'ONU, de voir la crise syrienne connaître un début d'épilogue doit être tempéré.