Les puissances occidentales courtisent l'Iran, un des soutiens du régime de Damas, pour trouver une solution à la crise syrienne, mais Téhéran ne compte pas lâcher Bachar al-Assad, tout comme la Russie de Vladimir Poutine. Les dirigeants occidentaux, les responsables onusiens et les pays proches du régime de Damas ont ouvert une série de discussions croisées, dans l'espoir de trouver une solution rapide à la guerre en Syrie, sur fond de crise des réfugiés syriens qui déferlent depuis des semaines sur l'Europe et une inquiétante expansion de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) dans ce pays et en Irak. Outre la rencontre très attendue demain à New York, entre le dirigeant russe Vladimir Poutine et son homologue américain Barack Obama, d'autres tête-à-tête ont déjà eu lieu, à l'exemple de celui d'hier entre la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le ministre des Affaires étrangères iranien Mohamed Jafad Zarif au siège de l'ONU. Les deux diplomates se sont en effet longuement entretenus sur les moyens à déployer pour mettre fin à une guerre qui a commencé en mars 2011 et qui est à l'origine de la plus grave crise de réfugiés jamais connue depuis la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Federica Mogherini et Mohamed Jafad Zari "se sont dits prêts à coopérer, dans le cadre des efforts menés par l'ONU", soulignant "la nécessité de mettre un terme à la guerre en Syrie", a indiqué un communiqué du cabinet de la chef de la diplomatie européenne, dont des extraits ont été repris par les agences de presse. De son côté, le Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a rencontré, lui aussi, son homologue iranien autour de la question syrienne, bien que Washington se méfie encore de Téhéran, en lui refusant, entre autres, de faire partie de la coalition internationale qui lutte contre Daech dans ce pays et en Irak. Si l'ensemble des acteurs impliqués dans la crise syrienne sont d'accord pour penser l'urgence de lutter contre Daech, source d'une véritable menace pour tout le monde, de profondes dissensions les opposent quant à l'avenir politique du président de la Syrie Bachar al-Assad et au rôle qu'il pourrait jouer dans le processus de transition. À ce stade, la Turquie et l'Arabie saoudite sont les plus farouches opposants à toute participation d'Al-Assad au processus politique en Syrie, alors que les Etats-Unis, l'Allemagne et d'autres pays membres de l'Union européenne ont tendance à croire que le numéro un du régime de Damas constitue une partie de la solution. Défendu par Moscou et Téhéran, Bachar al-Assad est accusé par Ankara de chercher à créer une petite Syrie allant de Damas jusqu'à Lattaquié, en passant par Homs où la guerre a tout détruit et fait des centaines de morts en quatre ans. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rappelé : "Quels que soient les pays qui doivent prendre l'initiative de trouver une solution à cette crise, il faut trouver une solution politique." Mais, selon lui, Al-Assad doit quitter le pouvoir. "Si Al-Assad a la moindre once d'amour pour la Syrie et pour son peuple, il doit quitter le pouvoir", a-t-il déclaré, affirmant qu'Ankara mène des discussions intenses avec Washington, Moscou et Téhéran pour résoudre au plus vite le confit syrien. Hier, des informations ont fait état de l'atterrissage sur l'aéroport de Lattaquié d'une dizaine d'avions-cargos russes, signe du renforcement de la présence militaire moscovite en Syrie, alors que les Etats-Unis ont avoué que des membres de l'opposition syrienne armée, entrainés par les Américains, ont fourni des armes et des munitions à Forsane al-Nosra, la branche locale d'Al-Qaïda, ce qui démontre l'échec de la politique américaine dans ce pays, réduit à néant en l'espace de quatre années de guerre civile. L. M.