Le doute qui planait donc autour de la question de la prolongation des délais d'application commence à se dissiper. Dans un communiqué officiel adressé, hier, à notre rédaction, signé par le président du Mouvement de société pour la paix (MSP), il est clairement mentionné que le parti du défunt cheikh Nahnah ne s'oppose pas à la prolongation des délais de la charte. Toutefois, sa position demeure provisoire, préférant attendre la suite que devra donner le président de la République au scénario de la réconciliation. Selon le MSP, la réconciliation nationale est un processus continuel. Cela veut dire qu'«il est impératif de laisser les portes grandes ouvertes pour permettre à tous les Algériens de se réconcilier et renforcer ainsi l'amnistie générale». Cela dit, le parti de Boudjerra Soltani soutient sans cafouillage la revendication des ex-éléments de l'Armée islamique du salut (AIS) qui sont allés jusqu'à réclamer une amnistie générale et le retour du FIS. Les jeux sont clairs, on va droit vers la prolongation des délais de la charte, d'autant plus que cette position est demandée par deux formations politiques bien informées sur la trajectoire du processus, en l'occurrence le MSP et le FLN. Le doute qui planait donc autour de cette question commence à disparaître. La position du MSP tire sa référence, d'après le même communiqué, «des résultats positifs de la politique de la concorde civile après avoir laissé la porte ouverte». Le même parti est convaincu que les résultats, six mois après la mise en oeuvre de la charte, affichent au vert. Ce qui permettra, d'après le rédacteur du communiqué, de prolonger l'application de la charte. Boudjerra Soltani, connu par son soutien indéfectible et sans relâche au chef de l'Etat, ne s'oppose par au fait de conduire cette même locomotive à une amnistie générale. Ce dernier n'est-il pas allé, en fait, un peu très loin? Car, selon toute vraisemblance, le premier magistrat du pays n'a à aucun moment approuvé cette finalité qu'est l'amnistie générale. Ni d'ailleurs approuvée par les textes de la charte. Le MSP, membre de l'Alliance présidentielle, est allé jusqu'à suggérer de nouvelles procédures «devant faciliter la tâche» aux terroristes toujours en activité. C'est la même proposition faite par des anciens de l'ex-FIS, à l'instar de Madani Mezrag et Anouar Haddam. On s'interroge si Bouteflika va, après son retour prévu pour cette semaine, donner une seconde chance aux terroristes et rendre ainsi le rêve des anciens de l'AIS une réalité? Rien n'est encore décidé par le premier magistrat du pays, même si les partis les plus proches du président adhèrent à l'idée de prolonger les délais de la charte. «Excepté l'annulation des délais, il n'existe aucune autre alternative pour régler les conséquences de la tragédie nationale en suspens», explique le successeur de Mahfoud Nahnah pour appuyer le pourquoi de sa position. Combien faut-il encore de temps pour permettre aux derniers terroristes de déposer les armes? Ces derniers n'attendent, sans le moindre doute, que soit décrétée l'amnistie générale censée les blanchir de tout acte terroriste. Le dernier mot reviendra au président. Bouteflika va-t-il approuver en fin de compte cette position?