La dégringolade des cours du brut ne semble pas affecter la stratégie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Si les cours restent accrochés très en deçà de la barre des 50 dollars, plombée par une surabondance de l'offre persistante, le cartel ne bouge pas d'un iota pour en réduire l'impact. Bien au contraire. Loin de respecter les quotas de production fixés à 30 millions de barils/ jour, l'offre Opep continue d'augmenter. Ainsi, selon l'enquête publiée par l'agence Thomson-Reuters, la production de pétrole Opep a une nouvelle fois évolué en septembre pour atteindre une moyenne 31,68 millions de barils par jour, contre 31,57 millions de bpj un mois auparavant. Selon les données collectées auprès des transporteurs, des compagnies pétrolières, de consultants et de l'Opep elle-même, cette hausse de l'offre serait essentiellement due à la reprise des exportations depuis le nord de l'Irak, deuxième plus gros producteur Opep. En parallèle, les monarchies du Golfe, à leur tête l'Arabie Saoudite, ont maintenu leur niveau de production, déjà élevé. Ces dernières campent sur leurs positions et persistent dans leur guerre des prix. Malgré la montée en puissance de l'Irak et la perspective d'un retour en force de l'Iran qui entend doubler son offre, les gros producteurs de l'Opep continuent à alimenter la surabondance de l'offre. Objectif : plomber le marché afin d'étouffer dans l'œuf l'industrie des schistes naissante. Une stratégie qui semble d'ailleurs payer. Dans sa note mensuelle de septembre, le département américain de l'Energie fait le constat d'une baisse de la production américaine de schistes et laquelle devrait se poursuivre. De 9,1 millions de barils/jour, celle-ci devrait descendre à une moyenne de 8,8 millions de barils/jour. Ces chiffres sont pourtant loin de susciter l'euphorie. Car cette baisse de production pourrait se traduire par une hausse des cours, réalimentant de nouveaux forages et ainsi de suite. Pour sortir de ce cercle vicieux, les grands producteurs de l'Opep souhaitent un impact plus durable de leur stratégie. C'est ainsi que Reuters évoque un sentiment de résignation au sein des membres de l'Opep, mu par la souplesse de la technologie de l'industrie américaine des schistes et sa capacité de s'adapter et à vite réagir à toute remontée des prix, faisant des Etats-Unis le nouveau swing producer sur le marché. L'Arabie Saoudite semble, en tout état de cause, fermement engagée dans cette guerre des prix sur le long terme. D'après Reuters, certains analystes de l'Opep ne tablent pas sur un retour des cours vers les 100 dollars avant 2040. En attendant, ces derniers semblent évoluer aujourd'hui en dents de scie. Après une baisse marquée jeudi, les cours remontaient légèrement hier à l'ouverture de marchés, tiraillés par deux facteurs opposés, à savoir les inquiétudes sur l'économie chinoise et la croissance mondiale d'un côté, et de l'autre, l'essoufflement de l'offre américaine de pétrole. Vers 10h40 GMT, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 47,83 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 14 cents par rapport à la clôture de jeudi. Vers 13h10 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre prenait 7 cents à 44,81 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).