La wilaya de Boumerdès compte plusieurs zaouïas et mausolées éparpillés sur tout son territoire d'est en ouest. Le mausolée et la zaouïa de Sidi Ali Ben Ahmed El Merdassi, sis dans le village d'Ouled Boumerdès sur les hauteurs de la commune de Tidjelabine sont des plus célèbres dans la région. D'ailleurs, l'appellation de Boumerdès renvoie directement à l'érudit El Merdassi. Selon le docteur Bouizeri, la zaouïa date du 7e siècle de l'Hégire, ce qui correspond aux années 1300 du calendrier grégorien. Avant la décennie noire, les visiteurs du mausolée étaient nombreux, des femmes, des hommes et même des enfants. Plusieurs légendes sont nées dans les lieux. Et comme par miracle, elles ont toutes disparu. «Il y avait une sorte de dôme d'un mètre et demi de hauteur à côté du mausolée. Les personnes souffrant de maladies qui cherchent un remède magique, doivent s'adosser sur le dôme. Il y avait des personnes qui sont guéries. Je pense que c'est beaucoup plus psychologique. Actuellement, il ne reste plus de traces du dôme », se souvient un habitant de la région durant les années 60-70. Une autre légende, celle d'un miroir capable de guérir les personnes souffrant de strabisme. Ledit miroir faisait le tour des trois mausolées de Sidi Ali El Merdassi et de ceux de ses deux enfants. Malheureusement aussi, l'objet a été cassé durant la décennie noire. Les autres zaouïas et mausolées de la wilaya de Boumerdès n'ont pas échappé à la barbarie terroriste. Une bombe a explosé à la zaouïa du Figuier, à l'est de Boumerdès. Selon les descendants du Saint-Patron de Boumerdès, leur arbre généalogique se termine à Fatima Zohra, fille du Prophète. Actuellement, le mausolée de Sidi Ali est abandonné. Les quelques personnes qui viennent lui rendre visite le font discrètement. Les traces de quelques bougies en sont témoin. «La vie n'est plus comme avant. Maintenant, chacun de nous est occupé à travailler pour nourrir sa famille. Nous n'avons plus de temps à consacrer à la zaouïa ou au mausolée», dira Abdelaziz Merdassi, professeur universitaire, un descendant de Sidi Ali. Selon lui, la zaouïa a été auparavant un bastion de la résistance contre les envahisseurs depuis l'époque d'El Mokrani, et en même temps, un lieu de savoir. Elle a échappé aussi aux manœuvres des politiciens en gardant la neutralité après l'indépendance.