Espace n Le derb des sept arcades ou derb de Sidi Belhasnat de la ville de Tlemcen a, de tout temps, constitué le lieu de prédilection des jeûneurs en quête de quiétude et de méditation particulièrement pour la gent féminine. Durant le ramadan, les femmes se rendent, sous prétexte de «faire leurs emplettes», à ce lieu réputé pour son «caractère béni» confirmé par les légendes et histoires narrées par nos grand-mères. Enveloppées dans leur haïk, les femmes au foyer fréquentaient jadis cet endroit de «baraka» pour prendre place près des ceps de vignes entrecroisant les sept arcades du Derb, et «échapper aux tourments de la vie» et «se revitaliser». Ce lieu, devenu par la force du temps un des plus fréquentés, est situé en plein cœur de la ville de Tlemcen jouxtant la grande mosquée et le mausolée du saint patron Sidi-Ahmed Belhacène El-Ghoumari, décédé au XVe siècle. Selon les récits historiques racontant les péripéties de la vie de cet homme pieux, celui-ci s'installa au début dans son dôme érigé sur les lieux des sept arcades pour recevoir ses disciples. Cheikh Sidi-Ahmed Belhacène El-Ghoumari animait chaque jour des halkate à la mosquée pour tous ceux qui venaient s'instruire et puiser de son immense savoir dans les différentes sciences religieuses et fiqh. Son activité a tout de suite pris de l'ampleur, en s'orientant vers les actions caritatives en direction des plus démunies, avec la collecte des dons des bienfaiteurs et notables de la ville. Après la mort de ce saint homme en accomplissant la prière d'el fadjr (12 choual 874 de l'hégire / 13 avril 1470), ses disciples ont perpétué son œuvre de charité. Un espace près du dôme de Sidi-Ahmed Belhacène qui abrite son mausolée, fut transformé en un gîte pour les sans-abri et les voyageurs. Cette tradition a eu tendance à se perpétuer plusieurs années après grâce aux dons des commerçants, des agriculteurs ou simplement des plus nantis parmi la population de Tlemcen. Chacun d'eux envoyait le dixième de sa marchandise au mausolée en guise de zakate qui sera remise sur place par les personnes chargées de ce h'bous aux pauvres et pour la meïda du ramadan. Au fil des ans, le dôme de Sidi-Ahmed Belhacène s'est transformé en un lieu de révélation et de bénédiction. Les femmes qui le baptisèrent «détenteur de la baraka et dissipateur de tourments», venaient se lamenter sur leur sort et soliloquer en cachette. Cet attachement à Sidi Belhacène se développa de plus en plus avec l'apparition de nouveaux rituels incitant les femmes à faire le tour du derb à l'exemple de Ettaouaf de la Kaâba et de boire de l'eau fraîche dans l'une des deux jarres entreposées en permanence à l'entrée du dôme. «La tradition veut aussi que l'enfant qui tarde à parler boive de l'eau destinée à la tourterelle de Sidi Belhacène. La grand-mère de l'enfant, dit-on, le pose sur les trois marches d'escaliers de la grande mosquée jouxtant le derb des sept arcades pour que le premier fidèle sorti de la mosquée le prenne dans ses bras pour que «le vœu de prononciation soit exaucé».