Les habitants de Oued El Bir ne savent plus à quel saint se vouer pour faire part de leurs inquiétudes quotidiennes. Face à l'indifférence des autorités locales, les habitants de ce vieux quartier se sentent marginalisés, comme en témoigne ironiquement un résidant. «Même Sid Mohammed El Gharibe, saint du village, semble être oublié. Les habitants de la région, dont les responsables qui affluaient auparavant vers le mausolée de ce saint marabout pour l'invoquer contre les maladies des yeux, ne viennent plus». Et de s'interroger narquoisement : «Est-ce à cause de l'état déplorable de la route que les gens renoncent au pouvoir avéré de notre saint marabout contre les maladies des yeux ?» En effet, le quartier de Oued El Bir semble laissé pour compte. Les habitants ont beau essayer de faire entendre leur voix d'une manière civilisée à travers des lettres adressées aux autorités locales, mais c'est peine perdue. L'état déplorable de la route qui relie le quartier au chef-lieu de la commune renseigne amplement sur la marginalisation de ce quartier. Tapissée de goudron contre la pluie et qui n'est, en fait, qu'un ensemble de lambeaux éparpillés, cette route est parsemée de crevasses et de trous béants qui dissuadent même les transporteurs. D'ailleurs le quartier, situé à environ 3 km du chef-lieu de la commune, n'est pas desservi par le transport collectif. En fait, Oued El Bir demeure à ce jour enclavé. Aucun projet de développement susceptible d'améliorer un tant soit peu le cadre de vie des habitants n'a été inscrit pour ce quartier. Sidérés par l'indifférence affichée par les élus, nos interlocuteurs énumèrent les difficultés auxquelles ils sont confrontés quotidiennement. Ils soulèvent le problème de l'inexistence d'un réseau d'assainissement fiable. Les eaux usées qui se déversent à ciel ouvert dans l'oued longeant les habitations menacent sérieusement la santé des habitants. Ces rejets peuvent s'infiltrer dans la nappe phréatique et la contaminer. «L'argent de l'Etat doit servir à tout le monde» «Nous constatons que d'autres quartiers sont régulièrement rénovés, ce qui est, bien entendu, une bonne nouvelle pour ces derniers. Mais l'argent de l'Etat doit servir à tout le monde et pas seulement aux quartiers les plus représentés autour de la table de délibérations», se désole Ami Abdelkader, un homme d'un certain âge qui a roulé sa bosse dans le monde associatif. Et d'ajouter : «C'est regrettable de constater qu'en 2015 des élus censés représenter toute la population favorisent certains quartiers au détriment d'autres.» Où sont les projets de développement d'Oued El Bir? Qu'a donc fait ce quartier pour être ainsi déconsidéré? Des questions qui restent malheureusement sans réponse. Une autre menace plane sur le quartier, surtout en cette saison où les vents sont fréquents. Il est question de la présence d'eucalyptus géants non élagués qui pourraient, s'ils venaient à s'abattre, occasionner de grands préjudices aux riverains. Déjà, ces arbres sont à l'origine de récurrentes coupures de courant. Dès que le vent commence à souffler, les branches des arbres basculent sur le fil électrique, le sectionnant ainsi en plusieurs endroits. «Si la panne survient dans la nuit, il faut attendre le lendemain pour le rétablissement du courant», se plaint notre interlocuteur. Or, ce qui semble beaucoup inquiéter les habitants de ce quartier, c'est l'absence du ramassage scolaire. Les enfants, pour se rendre à l'école primaire la plus proche, parcourent plus de 3 km en empruntant un raccourci à travers les champs, ce qui n'est pas sans risque. Les collégiens du CEM Zenati Benamar font pratiquement le double de ce trajet. Les parents ont interpellé les élus sur cette situation à maintes reprises, mais en vain. Depuis toujours, la rentrée scolaire pour les parents est synonyme de gros ennuis, à cause de l'absence de transport scolaire. Tous les jours, les parents sont obligés de trouver des solutions pour amener leurs enfants jusqu'à l'école. Parfois, ils ont recours au covoiturage, mais le plus souvent c'est à pied qu'ils parcourent cette longue distance. Cette situation a eu pour conséquences les absences et les retards fréquents qui perturbent la scolarité des enfants. Selon les parents, la déperdition scolaire dans ce quartier, notamment chez les filles, est importante.