Le soulèvement des Palestiniens contre l'occupation israélienne s'est poursuivi, hier, dans toutes les villes de Cisjordanie et dans la bande de Ghaza. Certains responsables israéliens – surpris par l'intensité du soulèvement palestinien et la détermination des jeunes à défendre la ville sainte des plans de judaïsation que les colons ont tenté de réaliser durant le mois de septembre en attaquant à plusieurs reprises l'Esplanade des Mosquées, le troisième Lieu Saint de l'islam – n'ont trouvé d'autre idée pour reprendre la situation en main que de réclamer l'application des lois militaires à El Qods. Bref, une sorte de loi martiale. Avigdor Lieberman, le chef du parti d'extrême droite, Israël Beitenou, et ancien ministre des Affaires étrangères, a demandé l'envoi de l'armée dans les quartiers arabes d'El Qods ainsi que dans toutes les villes arabes – même à l'intérieur d'Israël – et d'y instaurer le couvre-feu. Cette demande intervient au moment où une grève générale, en soutien aux Palestiniens des territoires occupés, a paralysé, hier, les villes à majorité palestinienne en Israël. Le maire de Jérusalem a fait le même appel. En plus de demander le bouclage des quartiers arabes de la ville sainte, Nir Barkat, a aussi préconisé le bouclage de toute la Cisjordanie occupée et d'interdire aux Palestiniens d'entrer en Israël. Tzifi Hatbouli, vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, a demandé, de son côté, à punir l'Autorité palestinienne qui ne fait rien pour «arrêter le terrorisme et au contraire l'encourage», en suspendant le transfert des montants des taxes et douanes prélevés sur les marchandises palestiniennes transitant par les ports et les aéroports israéliens. Cet argent permet à l'Autorité palestinienne de payer ses salariés. Une réunion du cabinet sécuritaire israélien sous la présidence de Netanyahu était prévue hier après-midi, pour discuter de ces «idées» immondes. Du côté palestinien, Saeb Erekat, membre du comité central du Fatah, a prévenu : «Les Palestiniens vont saisir la justice internationale contre Benyamin Netanyahu et son ministre de la Guerre, Moshe Yaalon, sur les conditions dans lesquelles les forces israéliennes ont exécuté des citoyens palestiniens dans la rue.» Si le gouvernement israélien prend d'autres mesures basées sur les assassinats, comme il le fait depuis la création de l'Etat hébreu, la spirale de violence se poursuivra et les victimes ne seront pas exclusivement palestiniennes. Les opérations de vengeance menées hier par de jeunes Palestiniens démunis de moyens en sont une preuve. Israël s'attaque aux enfants Ces attaques ont visé des colons israéliens d'El Qods occupée. Elles viennent en réponse notamment à l'exécution du jeune Manasra que les colons juifs ont laissé mourir alors qu'il se vidait de son sang. Selon des sources israéliennes, deux jeunes Palestiniens ont ouvert le feu dans la matinée d'hier dans un bus de la ligne 78. Trois colons ont été tués et 17 autres ont été blessés, dont 6 grièvement. C'est la première attaque à l'arme à feu depuis le début du mois. Les deux jeunes attaquants sont tombés en martyrs après avoir été exécutés par des soldats israéliens avec lesquels ils ont échangé des coups de feu. Certaines informations disent qu'ils ont été arrêtés avant d'être exécutés. Toujours dans la ville sainte, un autre jeune Palestinien est décédé après avoir foncé avec son véhicule sur un groupe de colons à un arrêt d'autobus. Il a tué l'un d'entre eux et blessé plusieurs autres. Il est ensuite descendu de sa voiture et a attaqué d'autres colons au couteau avant d'être tué par des soldats israéliens. Plusieurs Israéliens ont été blessés dans d'autres attaques à l'arme blanche à El Qods et en Israël. Toutes ces attaques ont fait que la journée d'hier a été la plus sanglante pour les Israéliens depuis début octobre, lorsque Muhannad El Halabi, âgé de 19 ans, avait réussi à poignarder 2 colons dans une rue d'El Qods occupée. Par ailleurs, l'Intifadha palestinienne s'est poursuivie dans la majorité des villes de Cisjordanie et de la bande de Ghaza. Dans la ville d'El Khalil, 8 Palestiniens ont été blessés par balle dans des heurts qui ont opposé des citoyens palestiniens à des forces de l'armée israélienne. Les étudiants de l'université d'El Khalil ont participé massivement aux affrontements. D'autres heurts ont été signalés près de Ramallah et dans la ville d'El Qods. Dans la bande de Ghaza, les soldats israéliens postés au niveau du point de passage d'Erez, au nord de l'enclave palestinienne, ont tiré sur des centaines d'écoliers venus manifester à cet endroit hautement protégé par l'armée de l'occupation. 20 jeunes Palestiniens ont été blessés dont un grièvement. Pour mettre un terme rapide à la révolte populaire qui a éclaté depuis plusieurs jours dans la ville sainte d'El Qods et le reste des Territoires palestiniens occupés, le gouvernement israélien a opté pour la politique de la terre brûlée. Il a donné des consignes à ses soldats et policiers leur facilitant l'usage de leurs armes à feu contre les civils palestiniens. Mais la journée d'hier a démontré qu'un peuple qui a décidé de se soulever contre l'occupation de son pays et contre les humiliations qu'il subit quotidiennement ne recule devant aucune mesure aussi criminelle et impitoyable soit-elle.