La résistance du désespoir est toujours vive Les funérailles qui se succèdent alimentent la rage d'une jeunesse confrontée aux vexations de l'occupation. Réagissant aux premières critiques qui peinent à trouver un écho médiatique international, Benjamin Netanyahu a affirmé hier qu'Israël surmonterait la vague actuelle d'attaques au couteau contre les Israéliens comme il a surmonté par le passé les attentats à la bombe. «Le terrorisme au couteau ne nous vaincra pas», a dit M.Netanyahu à l'ouverture d'une nouvelle session du Parlement, placée sous le signe des manifestations qui ensanglantent quotidiennement les Territoires palestiniens occupés. La série des attaques à l'arme blanche se poursuit à El Qods où deux jeunes Palestiniens ont été froidement abattus et une jeune femme blessée par balles après avoir poignardé des policiers et des colons israéliens, dans un contexte d'exacerbation voulue de la violence policière. Les trois attaques perpétrées hier contre un policier près de la Vieille ville et dans une colonie israélienne à El Qods-Est, et à la limite de El Qods-Est et Ouest pour la troisième portent à 18 le nombre d'attaques à l'arme blanche contre des Israéliens depuis le 3 octobre. Contrairement à l'usage des bombes artisanales pour des attentats meurtriers lors de la deuxième Intifida, ces attaques commises pour la quasi-totalité par des Palestiniens sans aucune coordination apparente ont fait deux morts et plus d'une vingtaine de blessés. Neuf jeunes ont été abattus, l'armée israélienne privilégiant ce type de riposte pour tenter de terroriser les candidats aux opérations-suicide. Mais ces attaques apportent au coeur même d'Israël et à El Qods une appréhension grandissante, aggravée par les troubles désormais quotidiens qui secouent les Territoires palestiniens occupés et réveillent le spectre d'une nouvelle intifada. La première attaque s'est produite lors d'un contrôle près de la porte des Lions, à El Qods-Est, partie palestinienne de la ville sainte occupée par Israël. Un homme identifié par les médias palestiniens comme Mustafa al-Khatib, 18 ans, de El Qods-Est, a porté un coup de couteau à un policier qui a été protégé par son équipement. D'autres policiers l'ont alors froidement abattu. Dans l'après-midi, une jeune femme a poignardé et blessé, apparemment légèrement, un garde-frontière, selon la police. Il a tiré son arme et fait feu. La jeune femme, une écolière de 17 ans selon son entourage, a été emmenée à l'hôpital. Plus tard, au moins un homme a été abattu et un autre blessé par balles après avoir poignardé deux jeunes Israéliens, l'un gravement, l'autre sérieusement, dans la colonie israélienne de Pisgat Zeev à El Qods-Est. Le scénario est familier: le jeune homme allongé inerte dans une mare de sang sous les yeux des journalistes occidentaux, près de la porte des Lions, était le huitième auteur d'une attaque à l'arme blanche, abattu dans des circonstances similaires depuis le 3 octobre dernier. Les tensions plus ou moins latentes depuis des mois entre Palestiniens et Israéliens se sont brutalement amplifiées avec l'assassinat de deux colons en Cisjordanie occupée le 1er octobre. L'agitation a gagné en Israël la communauté des Arabes israéliens (17,5% de la population), descendants des Palestiniens de 1948, titulaires de la citoyenneté israélienne et largement solidaires des Palestiniens des Territoires occupés. Les Arabes israéliens sont appelés à une grève générale aujourd'hui. Les funérailles qui se succèdent alimentent la rage d'une jeunesse confrontée aux vexations de l'occupation, frustrée de perspectives et désabusée par ses dirigeants. Des centaines de jeunes sans aucun chef de file apparent vont chaque jour défier la mort près des postes de contrôle israéliens en Cisjordanie occupée en lançant des pierres sur les soldats israéliens qui ripostent à balles réelles. De nombreux enfants, revêtus d'un treillis pour certains, encagoulés et brandissant des armes en plastique, se sont mêlés hier aux centaines de personnes qui ont porté, à bout de bras, le corps drapé dans le drapeau palestinien d'Ahmed Charaké, 13 ans, à travers le turbulent camp de réfugiés de Jalazoune. Le jeune garçon a été tué dimanche dernier lors de heurts à Ramallah avec l'armée israélienne. Environ 25 Palestiniens, dont plusieurs auteurs présumés d'attaques à l'arme blanche, ont été tués depuis le 1er octobre. Des centaines ont été blessés, selon les services de secours.