«On ne peut pas parler de souveraineté nationale ni d'indépendance d'un pays s'il y a ingérence de l'étranger dans nos affaires.» Où va l'Algérie ? L'auteur de cette question n'est autre que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. A la veille de la célébration du 1er Novembre, date du déclenchement de la Révolution, la première dame du PT a rappelé, à l'ouverture des travaux de la conférence des jeunes du parti, que la lutte pour la Libération nationale qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie n'est pas un simple slogan ; bien au contraire, elle a une profonde signification et une dimension historique, culturelle et politique. L'indépendance de l'Algérie et le recouvrement de la souveraineté nationale, pour Mme Hanoune, signifient la rupture avec le colonisateur : «On ne peut pas parler de souveraineté nationale ni d'indépendance d'un pays s'il y a ingérence de l'étranger dans nos affaires. La situation est très critique, nous n'avons pas de visibilité.» L'oratrice a exprimé ouvertement ses inquiétudes quant au danger qui guette notre pays. Le danger n'émane pas seulement de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur. Elle cible, dans ce sens, les nouveaux riches, les oligarques et certains hauts responsables de l'Etat et ministres du gouvernement qui donnent des facilités et des privilégies aux étrangers au détriment des nationaux. Certains, allusion faite au ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, et celui des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, font même de excès de zèle. «Nous sommes devenus comme les pays sous protectorat. Nous sommes dans une situation de recolonisation sans frais», regrette Mme Hanoune qui s'interroge sur les milliers d'emplois que devait engendrer la venue de Renault et Peugeot en Algérie : «Il y a eu un tapage pour pas grand-chose. L'installation de Renault et Peugeot n'a pas créé de l'emploi, car ce sont des entreprises de montage.» La leader du PT est triste de voir l'Algérie qui était «la Mecque des révolutionnaires» devenir «la Mecque des prédateurs» et «la poule aux œufs d'or». Poursuivant ses critiques à l'égard de certains de nos responsables et ministres, Mme Hanoune est revenue sur le tollé qu'a soulevé la fouille des ministres algériens à l'aéroport français. La LF 2016 sert l'oligarchie Certes, le PT, dit-elle, ne s'est pas positionné sur cette question, mais la logique aurait voulu que l'Algérie applique la réciprocité. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. La première dame du PT, qui ne mâche pas ses mots, ne comprend pas comment nous sommes arrivés à cette situation : «On déroule le tapis rouge aux étrangers et les ministres algériens ayant l'immunité se font humilier. C'est honteux ! Il est scandaleux de constater que chez nous, certains responsables ont le complexe du colonisé.» Mme Hanoune qualifie, en outre, d'intrigant le silence de l'Etat algérien au sujet du décret signé par le gouvernement français qui classe l'Algérie parmi les pays dont les militaires participent à des frappes en dehors de son sol. Elle déplore également le réveil des vieux démons, allusion faite aux échanges de tirs entre les anciens fonctionnaires de l'institution militaire. S'agissant du projet de loi de finances pour 2016, Mme Hanoune a mis en garde contre les conséquences des mesures d'austérité contenues dans cette loi. Une loi, dit-elle, qui a été élaborée exclusivement au profit de l'oligarchie et d'un groupe de personnes, et ce, au détriment des couches défavorisées. En fustigeant cette loi injuste, elle estime qu'un Etat fragile qui de surcroît perd sa base sociale se trouve contraint à renoncer à ses principes fondamentaux, y compris son indépendance économique, militaire… «L'économie est le concentré de l'Etat et de ce fait, nous tirons la sonnette d'alarme. La LF 2016 prévoit des taxes qui risquent de pénaliser la majorité des citoyens et de saigner les bourses des ménages, et de précariser même la classe moyenne», avertit-elle. Mme Hanoune juge également «catastrophiques et provocatrices» plusieurs dispositions de la LF 2016, notamment l'article 71. «L'adoption de cette loi provoquera des conséquences très graves sur le pouvoir d'achat des Algériens et sur le fonctionnement des différents ministères», note-t-elle.