Des contes anciens aux tablettes numériques. Hormis quelques éditeurs qui présenteront quelques rares ouvrages en tamazight, c'est essentiellement le Haut-Commissariat à l'amazighité qui assurera, conformément à ses missions, la promotion de ce pan encore embryonnaire de la production éditoriale nationale. Ainsi, durant toute la durée du SILA (29 oct.-7 nov.), deux séances quotidiennes de vente-dédicace seront proposées au public qui pourra découvrir les nouvelles publications et échanger avec les auteurs et éditeurs. Dans le lot, des romans, des recueils de nouvelles, de proverbes ou de poèmes, des contes, des essais et des ouvrages pédagogiques tels que Tirawal, guide d'apprentissage du chaoui d'El Hadi Meziani ou Tawawalt n'takrura, lexique élaboré par Saad Saad (coédition HCA-Anzar 2015). Si l'on peut constater une grande diversité des genres qui signale une certaine dynamique créative, on ne peut en dire autant du nombre d'éditeurs, encore limité, ni des tirages. Mis à part quelques maisons spécialisées, telles que Tira (Béjaïa), Identité (Tizi-Ouzou) ou Anzar (Biskra), les professionnels ne se bousculent pas au portillon de ce domaine éditorial. L'édition à compte d'auteur n'y est d'ailleurs pas rare. La plupart des éditeurs considèrent que la prise de risque est trop importante. Il est vrai que même parmi les locuteurs en tamazight, ceux qui maîtrisent et pratiquent sa lecture ne sont pas encore nombreux. C'est donc un marché éditorial dont l'expansion dépend pour beaucoup des progrès de l'enseignement de la langue, constitutionnellement nationale mais pédagogiquement peu présente encore, même si le ministère de l'Education nationale, cette année, a porté à 21, au lieu de 11 l'an dernier, le nombre de wilayas où elle est enseignée. Ces questions seront sans doute abordées lors de la Journée consacrée à l'édition et à la littérature amazighes, proposée au SILA par le HCA (5 nov. salle Ali Maâchi) sur la production écrite (édition, coédition, traduction, distribution…). Un panel d'auteurs, d'éditeurs, de chercheurs et de pédagogues nourrira le débat en présence du secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, qui proposera en outre le film qu'il a lui-même écrit et réalisé : Ad yiddir mmis n'umazigh (Le fils de l'amazigh vivra). Tourné en Algérie, en France et en Suisse, ce 52' comporte notamment les témoignages de Saïd Chibane, Sadek Hadjerès, Mohamed Harbi, Ramdane Ouahès, Malha Benbrahim, Khedam Mohand Oubelkacem, Lounis Aït Menguelet et la veuve et les enfants de Mohand Idir Aït Amrane auquel un hommage sera rendu. Sur le stand du HCA, les lecteurs et lectrices pourront découvrir de nombreuses publications, aux titres parfois étonnants comme Le périple méconnu d'une langue ancienne : le berbère de l'Himalaya aux Ardennes, du Dr Abderrahmane Benatia, médecin passionné par les langues nationales (Histoire d'une langue universelle, l'arabe (2006), ou Le substrat arabe de la langue latine (2010). Mais le clou de ce programme sera sans doute la présentation et la vente de la tablette Azul Pad (2015) pour apprendre la langue amazighe, développée par BMS informatique, Eurl Legend et le HCA. Un bon point au moment où le SILA, pour sa 20e édition, aborde pour la première fois le thème de l'édition numérique.