Les Algériens entament aujourd'hui le mois de Ramadhan dans un contexte qui impose la solidarité envers les pans les plus défavorisés de la population. C'est durant ce mois, en effet, que le prix des denrées alimentaires est soumis à une inflation effrénée du fait des pratiques spéculatives et des perturbations du marché souvent planifiées à l'avance. Il ne s'agit pas seulement de faire œuvre charitable, mais d'observer une posture morale face aux démunis, aux laissés-pour-compte et aux sans-abri. Si les institutions officielles et les organisations non gouvernementales prennent en charge la forte demande d'aide durant ce mois, c'est l'environnement qui accentue les écarts au sein de la société et crée presque forcément un effet de fossé entre les uns et les autres. Malgré la cherté de la vie, le mois de Ramadhan est celui durant lequel la consommation atteint des pics vertigineux au vu et au su de tous. C'est sans doute aussi cette profusion qui peut agresser ceux qui n'ont rien. La pauvreté n'est pas une fatalité, c'est une condition humaine, et à ce titre, elle n'est pas irréversible, nul n'ayant par ailleurs la garantie de s'en prémunir et d'être à l'abri d'un terrible revers de fortune. Mois de fervente piété, le Ramadhan devrait à cet égard inciter à la mesure en toute chose, d'abord dans l'étalage des signes ostentatoires qui peuvent blesser même ceux qui ne sont pas pauvres, mais dont le revenu est simplement modeste. Même ceux-là peuvent se sentir disqualifiés dans cet environnement où prime la compétition sur le terrain des dépenses dispendieuses et du gaspillage. La discrétion est une vertu d'autant plus appréciable lorsqu'elle procède d'une volonté de ne pas provoquer le ressentiment des voisins et des proches. C'est d'ailleurs une valeur qui ne devrait pas avoir cours durant le seul mois de Ramadhan : au regard d'une paupérisation qui n'en finit pas de gagner du terrain, le devoir de solidarité n'est jamais hors de saison. C'est l'un des enseignements du Ramadhan.