Bouteflika Suspendu de son poste de P/APC de Blida depuis le 30 mars 2005 et privé de son salaire depuis 19 mois, Ali Mellak, qui avait dénoncé des pratiques frauduleuses et de corruption de l'ex-wali de Blida, sollicite l'intervention du président Bouteflika pour le réhabiliter dans ses droits. M. Mellak, élu en 2002 sur la liste FLN, avoue qu'il est en train de subir des conséquences matérielles et morales très difficiles pour avoir dénoncé « la dilapidation des deniers publics, la falsification des documents officiels, le non-respect du code des marchés publics et la conclusion de marchés non-conforme à la législation en vigueur ». Allusion à l'affaire des factures surévaluées entachée de griefs qui ont été, entre autres, à l'origine de la suspension de l'ex-wali de Blida, Mohamed Bouricha, et sa poursuite en justice. M. Mellak, père de famille, révèle, également, que le secrétaire général de l'APC de Blida, suspendu pour la même affaire, perçoit jusqu'à ce jour sa mensualité. « L'APC de Blida est, actuellement, gérée par l'intérim du 1er vice-président. Tous les projets de développements que j'ai initiés se sont évaporés », souligne M. Mellak déçu, évoquant, au passage, la colère et la déception qu'endure la population blidéenne depuis la mise à l'écart de son maire. Ce dernier, contre lequel aucun chef d'inculpation n'a été retenu par la justice, avoue : « Certains cadres et élus de la wilaya ont porté atteinte à ma dignité, en sus des pressions et menaces proférées à mon égard par l'ex-wali. » Dans sa lettre adressée au président Bouteflika, M. Mellak affirme que la cabale montée contre lui s'explique par le fait qu'il avait refusé de mandater 45 millions de dinars au profit de personnes, dont le comportement semblait très douteux. En date du 12 avril 2005, raconte l'ex-maire, « j'ai été invité par le procureur de la République et j'ai dénoncé ce qui m'arrivait, à savoir les pratiques et agissements de certains responsables de l'administration et d'élus de la wilaya qui n'honorent pas la République. J'ai souligné ce mal terrible qu'est la corruption ». Affaire des factures excessives Le maire de Blida est sorti de l'anonymat en mars 2005 lorsqu'il a dénoncé publiquement une manœuvre de corruption menée par l'ex-wali de Blida (El Watan des 12 et 26 mars 2005). En effet, vers le mois d'octobre 2004, la wilaya a décidé, dans le cadre de la solidarité, de dégager un budget spécial pour l'acquisition de vêtements et chaussures destinés aux enfants des familles démunies à l'occasion de la fête de l'Aïd. Cinq communes ont été retenues, à savoir, Blida, Oued El Alleug, Ouled Yaïch, Bouarfa et Hammam Melouane. Une fois la marchandise distribuée, le P/APC de Blida a été ordonné par M. Bouricha de signer une facture de 45 millions de dinars. Les prix de la marchandise sont effarants : des ensembles pour fillettes (12 à 14 ans) allant de 5500 à 8000 DA, des chaussures pour la même catégorie d'âge variant entre 2500 à 5000 DA. Des tarifs qui dépassent l'entendement lorsqu'on sait que la marchandise était constituée de produits chinois, les moins chers sur le marché. Des produits à dix fois leur prix. Le maire, qui a senti le ver dans le fruit, a refusé de signer les factures. M. Mellak explique, dans sa lettre au premier magistrat du pays, que la commune de Blida, forte de 200 000 habitants, a été la seule à refuser de dilapider les deniers des contribuables et de l'Etat, malgré la réquisition obligatoire signée par l'ex-wali de Blida, ordonnant le paiement des factures « sous peine de sanctions graves en cas de refus ». Le maire suspendu raconte que l'ex-wali avait trouvé l'astuce de l'article 55 du code communal qui permet au conseil communal de retirer la confiance au maire. M. Mellak s'en remet à M. Bouteflika, lui, qui a fait appel dans ses récents discours à tous les citoyens intègres, compétents et patriotes pour s'impliquer dans la société civile et contribuer au développement national et à l'instauration d'un Etat de droit.