En termes relatifs, dans la seconde phase dudit accord, le groupe tricolore devait fournir, au minimum, 50% des besoins algériens, environ 130 rames pour la période 2019-2025, destinées à 8 autres villes et dont le contrat s'y rapportant n'a, toutefois, pas encore été signé. L'option d'Alstom est en passe d'aboutir sachant que des discussions sont déjà en cours dans la perspective d'assembler des autorails à Annaba. On est donc bien parti pour une «Cital 2». Et les préparatifs pour la mise sur pied d'un nouveau joint-venture associant Alstom à Ferrovial, EMA et SNTF s'accélèrent. «Cette nouvelle société se spécialisera dans la fabrication, l'engineering et la maintenance d'autorails de dernière génération avec la technologie la plus récente», se réjouissent les officiels algériens. Un autre mirage auquel ils sont les seuls à croire. Car, il s'agit en fait d'y monter, par des algériens assistés par des ingénieurs français, d'éléments d'autorails acheminés par bateau depuis la maison mère, en France, d'où l'Algérie a d'ailleurs acheté l'équivalent de 160 millions d'euros de matériel ferroviaire en 2014. «Compensation» et «mirage», des termes qui ne sont, semble-t-il, pas au goût du responsable de communication de Cital : «Il ne s'agit pas de compenser la réduction de notre plan de charge. L'idée de monter des autorails en Algérie est très ancienne. Notre ambition et celle de l'Algérie est de créer à Annaba un pôle industriel ferroviaire. C'est la volonté des autorités algériennes. C'est une vision stratégique. Pour cela, il faut un 2e client et un 2e produit», tient à souligner Fayçal Fadel. Et de renchérir : «mirage est un terme inapproprié. Fabriquer des trains n'est pas pour l'instant à notre portée. Ce type d'industrie est très complexe et nécessite des investissements très lourds et un terrain extrêmement vaste. D'où l'option de l'assemblage.» Outre les 17 autorails qu'elle a commandés à Alstom France, la SNTF a exprimé des besoins supplémentaires se situant à hauteur de 98 autorails. Ceux-ci devant être assemblés à Cital Annaba, indique notre interlocuteur. Dans cette perspective, ajoute-t-il, des négociations déjà lancées se poursuivent actuellement entre Alstom, Cital, Ferrovial et la SNTF pour fabriquer ces trains hybrides type Coradia Algérie, 160 km/h de vitesse et 900 voyageurs au titre de capacité de transport. Ainsi, «la SNTF entrera dans le capital de Cital à hauteur de 10%. Ferrovial va céder 10% de ses parts au profit de la SNTF». La nouvelle configuration du futur tour de table, détaille le jeune diplômé de grandes écoles hexagonales spécialisées en communication/marketing : 49% Alstom, 31 Ferrovial, 10% EMA et 10% SNTF. Une extension de Cital au lieu de la création d'une nouvelle entité ? Effectivement, rétorque le représentant de Cital, «c'est l'extension du site d'Annaba et elle va s'étendre sur tout le complexe Ferrovial. L'objectif à terme consiste à transférer la production qui se fait en Europe au site de Annaba. Initialement prévue lors de la réunion d'il y a quelques jours du Comité mixte économique algéro-français (COMEFA), la signature de l'accord-cadre y afférent a été reportée au début 2016 et la sortie du premier train hybride Coradia inter-cités, made in Algérie, est annoncée pour 2020». Report de la signature de l'accord cadre Qu'en est-il des investissements ? Seront-ils à la hauteur des ambitions franco-algériennes ? «Pour l'instant, je ne peux avancer un chiffre précis. Mais ce qui est sûr, c'est que si l'usine de montage de rames Citadis a nécessité 21 millions d'euros, celle dédiée aux trains hybrides devrait coûter 5 à 6 fois plus. Il faut savoir que la superficie de Cital devrait passer de 46 000 m2 actuels à 190 000 m2. Y sera mis en place un département d'engineering, une nouvelle ligne de production et un centre d'essais. En termes d'emplois, pas moins de 270 directs et une centaine d'autres indirects sont attendus». Cet ambitieux projet sera profitable pour les deux parties, promet M. Fadel : A Alstom, «il permettra d'être compétitif sur certains marchés du Maghreb et d'Afrique». Pour l'Algérie, «c'est un puissant pôle industriel ferroviaire qui se mettra en place avec le solide réseau de PME/PMI nationales de sous-traitance susceptible de se créer autour». L'ensemble du site Ferrovial, dit M. Fadel, dont devrait s'accaparer le futur projet autorail Coradia Algérie. Cela signifierait-il la disparition de l'activité initiale de l'entreprise qui emploie plus 500 personnes ? Notre interlocuteur est formel : «Non, les activités wagonnage et produits dérivés seront maintenues. La pérennité des postes de travail n'est aucunement menacée. Bien au contraire, un plan de charge conséquent est en perspective pour les travailleurs de Ferrovial qui, faut-il le rappeler, est notre associé aussi bien dans les rames de tramways que dans les futurs trains hybrides».