- Laïd Benamor : Vice-président du FCE «La dépréciation continue est anormale» «Dans tous les pays, les monnaies passent par des périodes de fluctuation, à la hausse comme à la baisse. Mais le dinar algérien ne connaît que la dépréciation continue. Cette situation a eu pour conséquence de réduire la visibilité des opérateurs économiques dans leurs opérations ponctuelles, mais aussi dans leurs projets d'investissement. Evidemment, cela gêne le fonctionnement normal de l'entreprise et décourage le chef d'entreprise dans ses projets. Depuis quelques semaines, le dinar connaît une certaine stabilité, malgré toute la valeur qu'il a perdue. Les opérateurs économiques demandent, cependant, à être rassurés à travers une politique monétaire claire et constante. Que la valeur du dinar fluctue, cela est tout à fait normal, mais la dépréciation continue est anormale.» - Kamel Moula : Président du CEIMI «Impossible d'engager des investissements» «Nous subissons l'impact direct de la dépréciation du dinar en ce sens que la majorité des entreprises membres de la CEIMI font dans la transformation à partir d'intrants importés. Du coup, l'impact est ressenti sur le coût de production et le prix de revient. Théoriquement, cette augmentation des coûts peut être répercutée sur le prix final du produit, mais étant donné que le pouvoir d'achat du consommateur est tel qu'il ne peut pas supporter une hausse des prix, nous préférons endosser cela, au détriment de la valeur ajoutée. De plus, il nous est impossible, dans cette conjoncture, de penser à engager des investissements. La seule chose que nous pouvons faire pour équilibrer la trésorerie de nos entreprises est de revoir nos achats et renégocier avec nos fournisseurs.» - Mohamed-Saïd Naït Abdelaziz : Président de la CNPA «La BA doit intervenir» «Nous ne savons pas, jusqu'à présent, quel est le degré de dévaluation que le dinar algérien a subi depuis quelque temps. En l'absence de données confirmées par la Banque d'Algérie, nous ne pouvons pas nous avancer sur cette question, bien que, concrètement, la dépréciation du dinar soit ressentie à travers l'augmentation des prix des produits à l'importation, notamment en ce qui concerne les matières premières et les inputs. Cela aura une répercussion inévitable sur le produit final mis sur le marché local et, par conséquent, sur l'inflation qui finira par augmenter. Une situation pareille doit faire intervenir la Banque d'Algérie qui doit rétablir l'ordre des choses, mais surtout lever cette confusion autour de la valeur du dinar, en expliquant aux Algériens la raison pour laquelle la monnaie nationale subit cette instabilité et ces distorsions entre le marché officiel et le marché informel.» - Abdelmadjid Dennouni : Président de la CGP-BTPH «Il faut arrêter cette dégringolade» «La baisse du dinar est dramatique pour l'entreprise et l'économie nationales en général. La Banque d'Algérie est la seule institution financière à pouvoir intervenir pour garantir la stabilité de la monnaie nationale. Elle doit mettre des mécanismes monétaires et financiers pour rassurer les citoyens et les opérateurs économiques. Il faut arrêter cette dégringolade et penser à redonner au dinar sa vraie valeur, car sa cotation actuelle sur le marché de change ne reflète pas sa valeur réelle. Pour ce qui est de l'entreprise, il est clair qu'étant donné que nos entreprises importent massivement les équipements, les produits pour travailler, les prix à l'importation vont être plus élevés. Donc le coût de production risque également d'être plus élevé.» - Boualem M'rakech : Président de la CAP «Un grand préjudice pour l'entreprise» «La dépréciation du dinar a gravement nui au pouvoir d'achat des Algériens, mais surtout à l'activité économique des PME/PMI. Ce problème ne se serait pas posé, si nos entreprises étaient «normales», c'est-à-dire des entreprises qui exportent leurs produits, puisque la baisse de la valeur du dinar favorise l'exportation. Malheureusement, ce n'est pas le cas de nos entreprises qui vivent de la commande publique et de la consommation des citoyens. C'est la raison pour laquelle nous avons toujours appelé à revenir à une situation normale en réglant les problèmes de l'entreprise, à commencer par ceux liés à la bureaucratie. C'est pourquoi nous préconisons l'installation d'une structure consensuelle dotée de pouvoirs décisionnels pour prendre en charge l'ensemble des préoccupations des entreprises.»