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Réaction du MDS : La dignité de la femme assassinée
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Publié dans El Watan le 15 - 11 - 2015

Tandis que les membres du Conseil de la nation tergiversent pour adopter la loi contre les violences faites aux femmes, à Magra, dans la wilaya de M'sila, Razika Cherif a été tuée par l'homme qui la harcelait et auquel elle refusait de répondre.
Il est à craindre que les parlementaires ne se sentent même pas embarrassés par un crime qu'ils ont contribué à banaliser par leurs atermoiements.
C'est finalement un procès qui va venir prendre la place du débat qu'ils auraient dû mener, mais un procès qui ne redonnera pas la vie à Razika et dans lequel le juge pourra difficilement trancher sur la nature sexiste du crime à cause des hésitations à faire passer une loi, même édulcorée.
Est-ce cela la «démocratie apaisée» ? Ne doit-on pas aussi revoir profondément la nature des textes constitutionnels et des institutions qui contournent l'exigence d'égalité entre hommes et femmes et s'accommodent de telles dérives ? Combien d'autres Razika leur faudra-t-il ?
En vérité, ces violences ne sont pas uniquement un «sujet de société», mais le produit d'archaïsmes entretenus à la fois par un pouvoir qui a fait de l'arbitraire son mode de fonctionnement et par une classe politique prisonnière de l'idéologie islamo-conservatrice et qui considère qu'adopter une loi contre les violences faites aux femmes est une diversion par rapport à ses préoccupations d'appareils.
Il faut espérer qu'après ce crime odieux, les illusions sur la possibilité de saupoudrer des éléments de modernité et de citoyenneté, en les dénoyautant de leur contenu démocratique pour faire accepter le caractère despotique du pouvoir, tombent totalement et définitivement.
Avec l'actuel Conseil de la nation, il sera difficile, pour le pouvoir, de corriger radicalement sa trajectoire et de rendre un hommage posthume à Razika en légiférant rapidement et à la hauteur de l'ampleur des violences faites aux femmes.
Le mouvement féministe algérien qui appelle à l'adoption d'une loi-cadre doit donc gagner en cohérence et en détermination. Harcelées dans leur milieu professionnel, agressées dans la rue et sans défense dans leur famille face aux violences verbales et physiques, les femmes doivent pouvoir disposer de la protection de la loi.
Il est temps d'engager une réflexion sérieuse, approfondie pour développer la mobilisation de la société. Il est temps d'œuvrer sincèrement à la mise en place d'un large front de combat contre les violences faites aux femmes, en dépassant tout sectarisme partisan ou idéologique.
Alger, le 11 novembre 2015
Le bureau national


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