On est peut-être «à quelques semaines seulement d'une grande transition politique entre le régime de Damas de Bachar Al Assad et l'opposition». C'est ce qu'a déclaré hier le secrétaire d'Etat américain C'est ce qu'a déclaré hier le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, lors de son passage à Paris. Avec une telle perspective, on peut espérer voir enfin une action multiforme entre les Occidentaux, la Russie, les pays voisins de la Syrie (dont l'Iran et l'Arabie Saoudite), en vue de l'élimination de l'Etat islamique (EI/Daech). Et surtout assister à la fin des compromissions, des faux calculs géostratégiques pour contenir un Iran chiite dont les prétentions de puissance régionale suscitaient les pires appréhensions chez les monarchies sunnites entre autres, à leur tête l'Arabie Saoudite. Craintes partagées également par la Turquie d'Erdogan qui était opposée, jusqu'à récemment, à l'ouverture d'un front militaire opérationnel à partir des territoires kurdes syriens, de peur d'une «contamination» du Kurdistan turc où règne le PKK de Abdullah Ocalan, emprisonné depuis 1999 par Ankara. Les attentats terroristes de Paris du 13 novembre, revendiqués par Daech, ont sans doute été le facteur déclenchant de cette prise de conscience des Occidentaux de la menace que représente cette entité Etat islamique, disposant d'un territoire à cheval sur deux pays (l'Irak et la Syrie), bénéficiant surtout de moyens considérables humains et financiers. Pas moins de 45 000 combattants, pour moitié des mercenaires étrangers dont la majorité est originaire de pays occidentaux, représentant un risque majeur et permanent non seulement pour la région du Proche-Orient, mais aussi pour l'Europe promise à d'autres «11 Septembre» tout aussi, sinon plus sanglants que celui de 2001, par Abou Bakr El Baghdadi, émir autoproclamé de l'EI. Ce que la nébuleuse Al Qaîda de Ben Laden n'a pas réussi à faire depuis les attentats contre le Word Trade Center, en propageant son label de la terreur à travers la planète, Daech prétend vouloir l'instaurer en moins de temps et de manière spectaculaire à travers différentes régions du globe : attentat contre un avion de ligne russe au-dessus du Sinaï, voitures piégées au Liban, tueries et massacres à Paris… La conférence de Vienne sur la Syrie et sans doute plus encore la rencontre du G20 en Turquie ont permis d'aplanir les différends sur la manière d'aborder la crise syrienne et, du même coup, l'élimination de Daech et de la menace planétaire qu'il représente. Le «tête-à-tête» imprévu et inattendu entre Vladimir Poutine et Barack Obama, en marge du G20 a, on s'en doute, servi à cela. Longtemps coincée dans le «ni ni» (ni Bachar Al Assad ni Daech), la position des Occidentaux, à l'instar de la diplomatie française, vient de connaître, depuis le 13 novembre, un fléchissement. Au point où certains observateurs parlent d'un virage à 180 degrés de la politique française, qui considère désormais la mise hors d'état de nuire de l'entité d'Al Baghdadi comme la priorité. D'ailleurs, le président François Hollande a prévu de rencontrer ses homologues américain, russe et iranien afin d'élaborer la stratégie à adopter pour arriver à cette fin. En attendant, on parle d'ores et déjà de collaboration entre les services de renseignement pour parer à tout danger d'attentat dans les jours qui viennent.