Le discours du gouvernement prônant la relance de l'investissement risque de ne pas se traduire dans les faits en Algérie. Dans la wilaya de Boumerdès, et partout ailleurs, d'importantes parcelles de terrain devant accueillir des unités industrielles afin de booster le développement économique ont été détournées de leur vocation. Sur les 383 projets inscrits depuis les années 1980 au niveau des 21 zones d'activités et de dépôt (ZAD) de la wilaya, seuls 138 ont vu le jour, 83 sont en cours de réalisation alors que 49 sont à l'arrêt, a-t-on appris de source proche du dossier, qui précise que 113 investisseurs n'ont rien entrepris pour réaliser les unités industrielles promises. Profitant de la démission des pouvoirs publics, certains investisseurs n'ont pas trouvé mieux que de vendre les terrains qui leur ont été octroyés alors que d'autres les ont détournés de leur vocation. C'est le cas dans les ZAD de Hammadi et Bordj Menaïel où de nombreuses salles des fêtes ont été érigées en lieu et place d'usines, sans qu'aucune autorité ait daigné bouger le petit doigt. Même chose à Naciria, où des blocs d'habitation sont en train d'être construits à l'intérieur de la ZAD dans l'indifférence, voire la complicité de certains responsables locaux. Cela se passe au moment où des centaines de promoteurs sérieux et créateurs de richesse peinent à trouver un lopin de terre en vue d'étendre leurs activités. «Notre entreprise (Soficlef, ndlr) est leader dans la fabrication des serrures et des plaques d'immatriculation en Algérie. Nous employons plus de 300 personnes. Cela fait 2 ans que nous exportons nos produits à l'étranger. Nous avons demandé un terrain dans le cadre du Calpiref pour faire une extension de notre usine, mais nous n'avons rien obtenu», a déclaré un représentant de l'entreprise, basée à la ZAD de Si Mustapha. Au lieu de chercher à créer d'autres zones industrielles pour remettre la machine du développent sur les rails, les pouvoirs publics feraient mieux d'assainir la situation des zones existantes. «Pour le moment, on a régularisé une vingtaine de projets. Et nos services ont établi plus de 70 arrêtés de reconversion d'actes de concession en cession», a précisé la nouvelle directrice de la PME-MPI de Boumerdès, hier en marge de l'ouverture des travaux de la semaine d'entrepreneuriat. Les participants à ladite manifestation ont fait état de 5037 dossiers d'investissement qui ont été traités par le Calpiref depuis sa création en 2010. Cependant, aucun projet n'a été lancé et seul 6 permis de construire ont été délivrés, alors que 2700 demandes d'investissement sont en instance faute de foncier industriel. Ces chiffres qui, même s'ils sont loin d'être exhaustifs, laissent déduire que la relance économique en Algérie n'est pas pour demain.