Pendant quatre jours, les députés, toutes tendances confondues, ont souligné les «errances» et «les grands gâchis» de la non-gouvernance qui est de mise en Algérie depuis plus de quinze ans. L'Assemblée populaire nationale (APN) a achevé, hier, l'examen du projet de loi de finances (PLF 2016). Présenté dimanche dernier par le grand argentier du pays, Abderrahmane Benkhalfa, ce texte a donné suite à des débats houleux. Pendant quatre jours, les députés, toutes tendances confondues, ont souligné les «errances» et «les grands gâchis» de la non-gouvernance qui est de mise en Algérie depuis plus de quinze ans. Ils ont tout simplement cloué au pilori le gouvernement, accusé à la fois, de «mensonge» sur la situation économique du pays et «d'immobilisme» qui a accentué la dépendance aux hydrocarbures, au moment où le pays disposait de ressources financières devant lui permettre de développer une économie productive. Ce projet de loi, qualifié par les partis de l'opposition siégeant à l'Assemblée de «déclaration de guerre» contre les couches défavorisées, vient de démasquer les intentions de l'Exécutif qui décide d'injecter à des doses plus importantes ses mesures d'austérité. Alors que le ministre des Finances refuse toujours de parler de «restrictions budgétaires», utilisant plutôt le terme «période d'orthodoxie», le contenu de ce projet de texte n'augure pas des lendemains meilleurs pour les Algériens. La cascade de taxes décidées et les augmentations des prix du gasoil et de l'électricité prévues auront, de l'avis des experts et des députés, y compris ceux des partis proches du pouvoir, de graves conséquences sur le quotidien des Algériens. Et cette situation ne fait que confirmer une réalité que les responsables du gouvernement refusaient d'admettre depuis le début du deuxième semestre de l'année 2014. Tablant sur un prix du baril de pétrole à 60 dollars, l'Exécutif assurait que la chute de recettes en devises ne remettrait pas en cause la politique sociale de l'Etat. Une affirmation mise en doute par les députés qui ont examiné le PLF 2016. Ces derniers vont même jusqu'à évoquer un «abandon du caractère social de l'Etat tel qu'énoncé par la déclaration du 1er Novembre 1954». «Vers une hausse vertigineuse des prix» «Libéralisme sauvage», «paupérisation des faibles et enrichissement des riches», «risque d'implosion sociale»… Les députés de l'opposition à l'APN (PT, FFS, AAV et des indépendants) n'ont pas lésiné sur les qualificatifs pour souligner «le caractère grave des mesures contenues dans ce projet» devant être voté lundi prochain. Citant seulement les dispositions relatives à la révision des prix du carburant de l'électricité, les élus du peuple alertent sur «une hausse vertigineuse des prix des produits de large consommation». «L'augmentation des prix du gasoil touchera inévitablement le citoyen qui aura à payer encore plus cher les billets des transports et les produits agricoles. Car les transporteurs et les agriculteurs vont répercuter cette augmentation sur les tarifs des services fournis aux citoyens», affirment les députés. Ces derniers sont très peu convaincus par les arguments du ministre des Finances qui, en admettant la révision générale de la politique des subventions, annonce «une politique étudiée» pour protéger les couches sociales les plus vulnérables. L'augmentation des prix en 2016, estiment les élus du peuple, concerneront également d'autres produits de consommation provenant de l'importation, dont les prix de certains d'entre eux connaissent déjà une augmentation sur le marché. Quelle sera la situation en 2016, après l'entrée en vigueur de la nouvelle loi de finances ?