La raison est bien simple, aucune invitation n'a été adressée au président Emile Lahoud. Une telle décision a été annoncée hier par la présidence dans un communiqué. « Le Liban ne participera pas au sommet de la Francophonie car aucune invitation n'a été adressée au président de la République selon les règles en vigueur », a affirmé la présidence. « La présence d'un quelconque responsable libanais quel que soit son niveau sera considérée comme une présence personnelle et ne représentera pas l'Etat libanais », ajoute le texte. « Il est profondément regrettable que le président roumain (Traian Basescu) se soit soumis aux pressions directes exercées par le président français Jacques Chirac et n'ait pas adressé une invitation au chef de l'Etat libanais contrairement aux us et coutumes internationales », affirme la présidence. « La Roumanie aurait dû respecter les règles mais elle s'est malheureusement soumise aux pressions du président Chirac qui agit selon des motifs personnels sans prendre en compte les profondes relations libano-françaises », selon le communiqué. La veille, le ministre libanais de la Culture indiquait que la question était à l'étude, soulignant au passage que la Roumanie n'a pas invité le président. Il s'agit d'une violation constitutionnelle pour le président qui a déclaré que « personne n'irait à Bucarest s'il n'était pas invité », a expliqué M. Mitri. « Le Premier ministre (Fouad Siniora) a lui reçu une invitation qu'il m'a transmise », a-t-il ajouté. « On essaie de trouver une solution à ce problème compliqué. Ce serait malheureux que le Liban ne soit pas représenté. Mais ma présence devrait être cependant officialisée très bientôt, peut-être demain », a dit le ministre. Le ministre a, par ailleurs, rapporté qu'une déclaration sur le Liban, durement touché par la récente guerre entre Israël et le Hezbollah, devait être adoptée lors du sommet. « Elle dit les choses essentielles. On pourrait l'améliorer, la rendre plus chaleureuse, mais c'est un texte assez satisfaisant », a-t-il dit. Interrogé sur le rôle très effacé de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) pendant ce conflit en juillet et août, M. Mitri a répondu qu'elle n'avait pas les moyens de faire plus et qu'il s'agissait d'une organisation « plus symbolique qu'effective ». « Mais nous y tenons. C'est un instrument de dialogue important entre des pays partageant les mêmes valeurs », a-t-il dit. Beyrouth avait accueilli le sommet de la Francophonie en 2002. L'OIF compte 53 Etats et gouvernements membres, et dix observateurs. Ce sont là les propos polis ou indulgents du ministre qui a tant à dire avec une agression israélienne destructrice, des attentats ciblant ses élites, et encore une occupation israélienne qui n'en finit pas. Quant à ceux de son président, ils sont ceux d'un homme aujourd'hui frappé d'ostracisme par une organisation, ce qui n'aurait pas dû avoir lieu, puisque Emile Lahoud était bien présent à l'Assemblée générale de l'ONU, en occupant le siège de son pays il y a tout juste une semaine. Pourquoi donc cette opposition d'une organisation et de la France plus particulièrement puisqu'elle directement accusée ? Mais n'y a-t-il que cette question ? En vérité, il y en a plusieurs, et cela rappelle un discours entendu par les Algériens au début de la décennie écoulée quand certains pays entendaient marginaliser ses dirigeants, ou déclaraient vouloir le soutenir sans passer par les institutions en place. C'est au minimum une ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, et un flagrant parti pris. Les Libanais se sont plus à rappeler que leur Premier ministre ne parlait pas un seul mot de français, mais là n'est pas l'essentiel, car il y a une défiance à l'endroit d'un pays et de ses institutions. Mais il y a d'autres questions qui n'apparaissent pas directement. A qui profiterait l'absence du Liban ? Aux forces libanaises qui se sont liguées contre le président Emile Lahoud ? Certainement. Israël ? Pourquoi pas puisque, semble-t-il, il serait candidat à un siège au sein de la Francophonie, et le Liban serait susceptible de faire barrage. Mais manifestement, l'organisation de la Francophonie s'est lancée dans un exercice bien difficile avec une action politique qui pourrait se retourner contre elle.