Slim Othmani. PDG de NCA Rouiba Ce que l'on souhaiterait voir, ce sont des notions de délais bureaucratiques. Nous sommes sur un gros projet industriel. Cela va faire 18 mois que nous attendons des documents administratifs pour pouvoir commencer. Il faut qu'il y ait une autorisation de fait, passé un certain délai de réponse, ce que l'administration algérienne n'a jamais accepté. Je considère par ailleurs qu'il est très important de revoir la façon dont est appliquée la règle du 51/49 qui est très handicapante pour l'économie algérienne. Nous avons besoin de brûler des étapes et de gagner du temps. Si demain je m'engage dans un projet à 51/49 avec une multinationale et qu'au bout d'un moment cette dernière veut augmenter son capital et que moi je ne peut pas participer à cette augmentation, c'est toute l'entreprise qui est coincée. Il faudrait qu'on aille chercher un nouveau partenaire algérien, mais moi en tant qu'actionnaire majoritaire je peux m'y opposer. Je ne dis pas qu'il faille la supprimer complètement. Je dis qu'il faut offrir un 51/49 à la carte. On peut dire oui à un investisseur étranger qui veut 100% du capital, mais à des conditions : exemple, réinvestissement de 30% des dividendes, etc. Ce qui me désole aujourd'hui, c'est que le gouvernement ne reconnaît pas que cette règle est mal faite. Dans le code des investissements, il y a aussi tout le volet de la rétroactivité fiscale que le gouvernement continue à appliquer. On aimerait aussi qu'il y ait une notion de stabilité juridique concernant l'investissement. Ce qui est gênant, c'est qu'il n'y a pas de vision partagée. On assiste à des déclarations officielles sur la vision du gouvernement pour 2030. Le monde de l'entreprise demande à ce qu'on lui explique ce qu'est cette vision. C'est à partir de là que je pourrai me projeter en tant qu'entreprise et apporter ma contribution et dire ce que j'attends du code des investissements. Il faudrait qu'on affiche clairement cette vision. Pour le moment, on l'attend toujours. Amar Moussaoui. chef d'entreprise dans la maroquinerie Ce dont nous avons besoin, c'est d'un mécanisme de prise en charge des pertes de change. Nous ne pouvons plus faire face à la situation actuelle. Depuis janvier, le dinar a perdu 30%. C'est une barrière à l'investissement. J'ai un projet d'extension de mon unité de production à Chéraga. En janvier, le coût était évalué à 100 millions de dinars. Aujourd'hui on est à 130 millions. De plus, nous attendons toujours que les problèmes du foncier soient pris en charge, de même que ceux de la bureaucratie à cause de laquelle des projets d'investissements dorment dans les tiroirs des wilayas. Il faut aussi revoir toutes les taxes et les impôts : la TVA, la TAP, l'IBS. Nous sommes en train de produire, c'est la seule façon de faire baisser les prix. Taïeb Ezzraïmi, PDG du groupe SIM Ce que nous attendons, c'est une suppression de la pré-évaluation des projets par le CNI car c'est une perte de temps. Nous travaillons avec des partenaires étrangers qui veulent des réponses rapides. On ne peut pas se permettre d'attendre 3 ou 4 mois avant d'avoir une réponse. Soit on allège ce traitement par le CNI, soit on le supprime. Le foncier industriel n'est toujours pas réglé. Chaque fois que j'ai besoin d'un terrain, je vais l'acheter auprès de quelqu'un qui en possède un dans une zone industrielle, obtenu en 4e ou 5e main et vendu 40 à 50 fois son prix. La règle du 51/49 a besoin d'être renforcée et non pas supprimée. Contrairement au droit de préemption qui est universel et doit être maintenu ainsi que la règle du bilan devises excédentaires qu'on voudrait voir maintenir avec un contrôle plus rigoureux. En fait, ce que nous demandons c'est de mettre l'accent sur le contrôle et le suivi des projets et juste une application des lois. Arezki Issiakhem. PDG de Isser Délices C'est une bonne chose que le gouvernement ait décidé d'aller vers la diversification, mais ce qu'on ignore, c'est qu'en se remettant sérieusement au travail aujourd'hui, les retombées sur notre économie ne seront perceptibles que dans une dizaine d'années. Ce dont nous avons besoin à travers ce nouveau code des investissements, c'est d'avoir une rapidité dans le traitement des dossiers d'investissement et dans l'accès au foncier industriel. Personnellement, j'ai des dossiers qui sont bloqués depuis 8 moins. En matière de foncier, j'ai bénéficié d'un terrain en 2006, mais depuis 9 ans j'attends qu'il soit viabilisé. Les terrains bénéficient actuellement aux spéculateurs et non pas aux vrais investisseurs. Nous devons pouvoir y accéder plus facilement, même avec des conditions de mise en exploitation au bout de deux ou trois ans. Le texte doit pouvoir permettre aux banques d'être réellement partie prenante dans les investissements et qu'elles cessent d'être une simple caisse d'enregistrement. Elles doivent faire leur mutation. Il n'est pas normal qu'il faille attendre 15 jours pour qu'une lettre de crédit arrive au fournisseur, comme il n'est pas normal d'attendre 10 mois pour obtenir un crédit d'investissement.