Si le potentiel de l'entrelacs s'est un peu figé, c'est peut-être parce que l'aspect ordonné s'est subrepticement imposé. C'est la part contemplative. Cet ordre divin s'est imposé dans notre manière d'ornementer. Le chaos a été éclipsé par l'ordre. L'échelle divine a supplanté l'échelle humaine. Or, nous sommes, pour ce qui nous concerne, à l'échelle humaine. C'est cela que je mets en scène. Passé, présent et futur ne sont pas séparés par une limite. C'est pour moi une nouvelle lecture qui m'en donne une nouvelle mesure, a posteriori. Donc la mémoire est vivante. C'est un peu l'histoire de La Lettre volée (Ndlr. Nouvelle d'Edgar Alan Poe où l'on recherche activement une lettre supposée volée avant de se rendre compte qu'elle était posée négligemment sur une table). Cette richesse est là, pas dans le passé. Elle est là. (…) La conception même d'une mosquée hypostyle est une image. On dispose des piliers sur une grille, face au mur de la qibla, dans la largeur. C'est le contraire d'une église, qui est longitudinale, dans la profondeur, pour favoriser la perspective et la dramaturgie qui la porte. Dans la mosquée, on a une horizontalité face à la qibla, avec le mihrab qui est une absence. Si le nombre de fidèles augmente, d'autres piliers peuvent s'ajouter et permettre d'augmenter la superficie, c'est-à-dire El Oumma. C'est la Mezquita de Cordoue par exemple. C'est une image pragmatiste parce que spirituelle ! Les pyramides d'Egypte aussi sont une image. L'église est une image, qui porte une pensée.