Le Pôle des forces du changement rejette la révision de la Constitution, estimant qu'«elle n'est pas une priorité compte tenu des dangers qui guettent le pays». Réunis à la veille de la conférence de presse du chef du cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, qui dévoilera le contenu de la mouture finale du projet de texte, les leaders de ce Pôle, conduits par Ali Benflis, président du parti Talaie El Houriat, rejettent d'emblée la démarche du pouvoir. «La volonté populaire est seule source de tous les pouvoirs, et il serait inacceptable que ce même pouvoir, illégitime, qui a violé à maintes reprises la Constitution, propose son amendement, surtout que la vacance du pouvoir a permis à des forces extraconstitutionnelles d'accaparer le centre de décision», explique le Pôle des forces du changement dans un communiqué rendu public hier. Les responsables de ce Pôle critiquent également le choix de la voie parlementaire pour l'adoption de ce projet. «Toute révision de la Constitution, qui engage l'avenir du pays, exige que le peuple soit consulté à travers des élections propres et honnêtes», lit-on dans le même communiqué. Dans ce sens, les animateurs de ce Pôle réitèrent l'exigence de l'opposition concernant l'installation d'une instance indépendante nationale pour l'organisation des élections, qui devra aussi gérer le référendum sur la révision de la Constitution. «A cet effet, seule une instance indépendante nationale sera en mesure de conduire ce processus dans toutes ses étapes : révision des listes électorales, préparation, supervision et contrôle, y compris examen des recours et proclamation définitive des résultats, en dehors de toute ingérence de l'administration», ajoute-t-on dans le communiqué. Par ailleurs, le Pôle des forces du changement réitère son attachement total au processus initié par l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO), en particulier à la tenue de son prochain congrès dans les délais prévus. «A cet égard, il invite toutes les forces de l'opposition nationale à rejoindre ce processus», lit-on dans ce communiqué. Evoquant la loi de finances 2016, cette coalition partisane exprime son rejet de ce texte «passé en force et adopté par un Parlement qui manque de légitimité». «Le Pôle attire également l'attention sur les menaces qui en découlent sur le pouvoir d'achat des citoyens et sur la stabilité et la sécurité du pays», indique la même source. Avant la réunion, les responsables du Pôle des forces de changement ont, lit-on dans ce communiqué, rendu hommage au défunt moudjahid Hocine Aït Ahmed, qui a eu droit à des funérailles populaires exceptionnelles. «Ces funérailles populaires, spontanées et sincères, traduisent une adhésion massive du peuple algérien aux libertés démocratiques, à la liberté d'expression et à l'héritage national et humain du défunt, ainsi qu'à sa considération pour les nobles fils de ce pays qui ont toujours privilégié la volonté populaire comme source unique du pouvoir», conclut le communiqué.