La visite éclair d'une journée effectuée hier par la Première vice-présidente du gouvernement espagnol, Mme Maria Teresa Fernandez De La Vega, semble avoir mis fin à la brouille passagère entre Alger et Madrid, née de l'approche espagnole du règlement de dossier de l'immigration clandestine qui a fortement soutenu la conférence Europe-Afrique organisée sous les auspices de sa majesté. Les responsables des deux pays ont dû également lever toute équivoque sur la position officielle du royaume sur l'affaires du Sahara-Occidental, sujette ces derniers temps à une controverse. En effet, le chef du gouvernement espagnol M. Zapatero est soupçonné de pratiquer le double langage sur cette question selon qu'il traite avec les Marocains ou les Algériens. C'est du moins ce que suggèrent ses déclarations contradictoires, dont un « échantillon » a été publié par le très sérieux El Mundo. La visite de Mme De La Vega et M. Moratinos était donc celle des mises au point et des éclairages pour deux pays qui entretiennent « d'excellentes » pour reprendre le mot de la vice-présidente du gouvernement espagnol. Mme Vega et M. Moratinos ont dû servir « d'éclaireurs » pour Zapatero qui voudrait certainement s'expliquer prochainement avec les hauts responsables algériens. Le fait que les deux diplomates soient reçus par le président de la République renseigne sur l'importance des engagements pris. La vice-présidente du gouvernement espagnol a d'ailleurs utilement noté que ses entretiens avec le président Bouteflika ont permis de « cibler les réunions et rencontres qui auront lieu dans les tout prochains mois ». Il est donc question d'une reprise de langue à un très haut niveau des responsabilités. Mme Velga a affirmé hier au sortir de son audience au palais d'El Mouradia avoir transmis au président Bouteflika « le souhait du roi et de la reine d'Espagne d'effectuer une visite en Algérie au cours du premier trimestre de l'années 2007 ». Une fois l'hypothèque politique levée, Bouteflika et ses hôtes ont passé en revue les questions économiques dont la coopération connaît un développement accru depuis cinq années. Mme Velga a notamment insisté sur le renforcement de l'investissement des entreprises espagnoles en Algérie. « Nous allons œuvrer à l'instauration du partenariat énergétique, non seulement sur le plan bilatéral mais aussi sur le plan africain et européen »,a-t-elle déclaré confirmant ainsi l'intérêt de l'Union européen pour le gaz algérien, surtout après la crise de l'hiver dernier causée par le géant russe Gazprom. Sur le terrain sécuritaire, Espagnols et Algériens semblent sur la même longueur d'ondes, bien que le thème de la lutte contre l'immigration clandestine ait réfréné un peu l'élan. Alger et Madrid s'apprêtent, selon Mme Velga à signer un accord dans le domaine de la lutte contre le terrorisme qui devrait intervenir « à la prochaine réunion de haut niveau. » Exit la réunion Europe-Afrique tenue à Rabat Le constat vaut aussi pour l'immigration clandestine, puisque au sujet de celle-ci, il a été « constaté une grande convergence de vue sur la manière de faire face au défi que constitue la question de l'immigration », révèle Mme Velga. Et d'annoncer une réunion de la commission de suivi « pour mettre en œuvre un accord bilatéral en matière de coopération sécuritaire ». Et comme pour signifier que la brouille n'est qu'un mauvais souvenir, l'Algérie et l'Espagne ont décidé de créer un comité mixte, chargé de traiter et d'analyser la question de l'immigration. Exit donc la réunion Europe-Afrique tenue à Rabat que l'Algérie a sciemment boycotté. L'orientation du regard vers l'Algérie est dictée par une Union européenne tétanisée par l'ampleur du phénomène et qui peine à trouver un rempart contre les foules d'Africains qui sont difficilement saisissables. Pour avoir lutté efficacement contre le terrorisme et l'immigration clandestine à la frontière Sud, l'Algérie présente une belle carte de visite aux yeux des Européens. C'est pour cela qu'Alger s'est fait tant désirer…