Dans une lettre intitulée «Les gens de Bades meurent dans le silence», transmise à la presse et à toutes les autorités compétentes, à savoir l'APC de Zeribet El Oued, la daïra, la gendarmerie, les directions de l'agriculture, de la santé et de l'environnement de la wilaya, ils s'élèvent fermement contre la dégradation de leur cadre de vie, de l'environnement et du respect des règles de bienséance préconisant le bon voisinage entre simples citoyens et éleveurs. Les nuisances engendrées par le passage de ces troupeaux dans les rues de ce petit village ancestral transformé en «une immense bergerie à ciel ouvert», selon eux, vont de la formation de nuages de poussière dus à la course des animaux vers le point d'eau ; ces poussières provoqueraient une augmentation des allergies et des maladies respiratoires dont des cas d'asthme touchant les enfants, à la prolifération d'insectes comme les mouches, moustiques et autres parasites volants en passant par les émanations pestilentielles collant désormais aux murs du hameau et aux bêlements assourdissants, se plaint-on. «Comment peut-on accepter qu'un abreuvoir de ce genre soit construit prés des maisons, d'une école primaire et d'un centre de soin ? S'indigne Azizi Boulares qui agit au nom de ses concitoyens. Il est aussi consterné par le fait que cet abreuvoir soit alimenté avec de l'eau potable normalement destinée aux foyers, à l'établissement scolaire et au centre de soin limitrophes et « qui en manque cruellement», souligne-t-il, la mine déconfite par la colère. Le laisser-faire et la négligence des responsables locaux lesquels informés par courrier ne daignent pas réagir car, dit-il, «Pas de vie à qui nous nous adressons.», ce qui le met aussi hors de lui. Pour les habitants de Bades, la solution serait de délocaliser cet abreuvoir en dehors du périmètre urbain et d'inciter les bergers à ne plus faire passer leurs bêtes par le village pour que celui-ci retrouvât sa sérénité légendaire et sa douceur de vivre. Les éleveurs et les bergers, tous de la région, répondent à ces récriminations avec humeur et sagesse. «On ne peut pas demander à des moutons et à des chèvres de marcher à pas de loups, d'être parfumés et de ne pas faire de tapage en allant boire. Nous avons réalisé cet abreuvoir sur nos propres deniers et il était là avant que les maisons ne soient construites à coté. Nous sommes aussi des habitants de Bades. Nous accepterions de le déplacer si on nous aidait pour cela.», rétorque Ammi Brahim, un gros éleveur d'ovins de Bades que la polémique fait sourire. Ne mesurerait-il pas à leurs justes valeurs le désarroi, les inquiétudes et les appréhensions des siens ?