Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan cancer et en application de la seconde phase qui implique l'amélioration du dépistage de certains cancers, la Société algérienne d'oncologie médicale, en collaboration avec le CHU et l'université de Béjaïa, a organisé, vendredi dernier, les premières journées de dépistage et de diagnostic précoce des cancers colorectaux. Cette manifestation scientifique a pris fin hier à l'auditorium d'Aboudaou sans la présence du ministre, qui était pourtant annoncé. Le Pr Bouzid, chef de service d'oncologie médicale du CPMC d'Alger, a déclaré, lors de sa communication intitulée «Dépistage des cancers colorectaux en Algérie», que «2249 cas sont déclarés chaque année et un millier de malades sont recensés dans les grandes villes, selon des statistiques récentes de l'Institut national de santé publique (INSP)». Il a préconisé en termes de prévention de surveiller le régime alimentaire de façon à lutter contre l'obésité, d'éviter les graisses animales ainsi que les facteurs aggravants que sont l'alcool et le tabac. En outre, le conférencier a proposé «le dépistage de masse» dont deux villes pilotes sont retenues dans sa proposition : Béjaïa et Laghouat. Le choix des villes est basé, selon lui, sur la grande différence dans le régime nutritionnel des habitants des deux régions. Il sera question, ajoute-t-il, d'inviter les gens à effectuer leur dépistage du cancer colorectal avant d'avoir une idée sur les habitudes alimentaires des patients. De son côté, le Pr Oukkal, du CHU de Beni Messous, qui a présenté une communication sur l'«Epidémiologie des cancers colorectaux», a indiqué que l'Algérie se situe dans une zone intermédiaire par rapport aux populations des autres régions du monde. En effet, aucune étude n'a été élaborée afin de connaître plus précisément l'état des lieux en Algérie, une démarche qui bute parfois sur des considérations sociales de l'ordre du tabou et de la pudeur. Dans le monde, ajoute le Pr Oukkal, il est enregistré 600 000 cas de décès par an à cause de ce type de cancer qui est également classé troisième dans le monde après celui du sein. En 2012, ce cancer a touché 24% d'hommes sur 100 000 personnes dépistées contre 20% de femmes. Afin de suivre la maladie localement et de fournir une banque de données aux autorités ainsi qu'aux spécialistes, des centres d'enregistrement ont été installés au niveau des CHU du pays. Le représentant du responsable du centre d'enregistrement rattaché au CHU de Béjaïa s'est contenté de présenter l'organigramme de ce centre, sans pour autant communiquer sur l'état des lieux et le nombre de personnes atteintes dans la wilaya. Pourtant, le centre a établi, selon l'intervenant, deux bilans pour la tutelle depuis 2014. Par ailleurs, les intervenants n'ont pas manqué de dénombrer les multiples difficultés auxquelles font face les praticiens et les malades. Il s'agit du manque de matériel, comme le coloscope, un outil indispensable pour le dépistage de ce type de cancer, le mauvais accueil et le retard des rendez-vous.