Lors de la 1re conférence Project Finance organisée jeudi dernier à Oran, dans le cadre des «Rendez-vous de l'entreprise» du FCE, plusieurs patrons sont revenus sur la loi de finances 2016 et ses orientations. Selon les intervenants, la stratégie du FCE s'articule autour de trois axes stratégiques. Le docteur Djamal Azzoug, délégué du FCE de la wilaya de Béjaïa, déclare : «Trois axes stratégiques ont été identifiés. Il y a d'abord la sécurité alimentaire. Nous ciblons donc l'agriculture et l'agro-industrie. Il s'agit de donner à manger à la population sans dépendre des étrangers. Ensuite, il y a le secteur énergétique. Il est question de préparer l'après-pétrole économiquement et technologiquement. Et nous, chefs d'entreprise, devons apporter les solutions pour amorcer la transition énergétique et accompagner la stratégie de l'Etat. Le troisième axe concerne l'intelligence économique et la sécurité informatique. C'est fondamental au vu de la quatrième révolution industrielle qui s'amorce. Nous devons nous préparer en termes de compétences et d'équipements pour sécuriser nos bases et installations et relever le défi de la sécurité informatique. Le FCE est pleinement dans cette ligne-là et nous sommes prêts à collaborer avec les pouvoirs publics pour réussir.» Par ailleurs, s'il existe une stratégie bien définie pour le FCE, certains chefs d'entreprise continuent de critiquer les réserves formulées aux principes d'ouverture du capital des sociétés publiques. Comment le partenariat public/privé peut-il aboutir pour mener à bien la stratégie économique nationale si un climat de confiance entre les partenaires n'est pas instauré ? Pour le Dr Azzoug, «il n'y a aucune polémique autour de cela au sein du FCE. L'Etat doit seul déterminer quelles sont les entreprises qu'il considère stratégiques et déterminer les conditions de cession des parts de capital. Mais oui, il faut que l'investisseur puisse accéder à des secteurs comme le transport aérien ou maritime». Sur ce point, Brahim Tourki,délégué FCE de la wilaya de Aïn Temouchent et promoteur touristique, critique un choix limité : «Les orientations de la loi de finances 2016 doivent être accompagnées de plus de libertés pour permettre un équilibre des forces, notamment la liberté de la presse. On ne peut pas garantir plus de libertés au secteur économique sans munir la presse des moyens permettant l'investigation pour dénoncer les dérives économiques. S'agissant de l'ouverture du capital des sociétés publiques aux investisseurs nationaux résidents, personnellement, je ne suis pas intéressé par cette mesure. Et, je peux vous dire que c'est notre politique au niveau du FCE. De quelles entreprises s'agit-il ? On nous demande de sauver des entreprises publiques qui risquent d'agoniser à cause de la chute des prix du pétrole. Or, des sociétés ont été léguées au dinar symbolique à une époque et cela n'avait pas marché. Pourquoi ne pas ouvrir le capital d'autres sociétés comme Sonelgaz ou Air Algérie ! Je ne parle pas des secteurs stratégiques comme la défense. La question ne se pose même pas, mais il faut que nous puissions accéder à des entreprises qui permettent une base solide pour l'émergence d'un tissu économique fort, compétitif pour que le privé puisse relever les défis. Pour ce faire, nous avons besoin d'un climat des affaires rassurant et de moyens de financement modernes. C'est le thème justement de notre rencontre. Nous avons également besoin de lever les contraintes sur l'accès au foncier et de revoir les tarifs. Je ne peux pas payer des millions de dinars chaque mois pour un terrain que je n'exploite pas à cause des contraintes administratives. On ne peut pas développer le tourisme, par exemple, si on n'encourage pas les promoteurs touristiques qui font tout le travail dans le secteur. Mais nous restons confiants : la chute des prix du pétrole est une bonne chose. Elle a permis de prendre conscience de la véritable situation économique du pays. Heureusement, il existe depuis maintenant 20 ans une véritable culture entrepreneuriale en Algérie et le privé a suffisamment évolué pour participer au progrès». Sur ce même sujet, Djilali Benahmed, délégué FCE Oran, pense qu'il n'y a pas de polémique. Il n'est pas question de confiance, mais d'intérêts. Interrogé sur les secteurs identifiés et les investisseurs membres du patronat qui ciblent des sociétés publiques, M. Benahmed répond : «Nous encourageons les investisseurs à répondre favorablement à cette opportunité. Il y a des portes qui s'ouvrent et il faut en profiter. Et justement, nous organisons des rencontres dans ce sens.»