Le militant de la cause des chômeurs et président de la Ligue algérienne pour la défense du droit au travail, Belkacem Khencha, est à nouveau appelé à comparaître devant la justice. Accusé une fois de plus d'«outrage à corps constitué», son procès, reporté trois fois de suite par sa défense, est programmé pour le 10 février au tribunal de Laghouat. Visiblement, l'interview accordé par Khencha à El Watan Week-end dans son édition du 11 septembre 2015, juste après sa sortie de prison, n'a pas été du goût de la justice locale et de la direction de l'établissement pénitentiaire de Laghouat, où il a purgé une peine de six mois de prison ferme. Peine prononcée à son encontre lui pour avoir organisé un sit-in de solidarité avec un autre chômeur, Mohamed Reg, qui lui, encourt une peine d'une année et demie. Dans son témoignage, Khencha revenait, pour notre journal, sur les conditions d'emprisonnement à Laghouat Son avocat, Me Noureddine Ahmine, joint par téléphone, affirme que c'est «le ministère de la justice» qui a envoyé la copie de l'interview à la justice de Laghouat. Le but du ministère étant, selon l'avocat, de vérifier les propos de Khencha qui dénonce des pratiques interdites par la loi. «C'est suite à cette demande que le parquet de Laghouat a instruit les pouvoirs publics d'auditionner Khencha, ces six codétenus et membres du mouvement des chômeurs ainsi que d'autres prisonniers qui étaient ensemble en prison, explique Me Ahmine. Sauf qu'ils n'ont pas auditionné les responsables de la prison, ce qui n'est pas normal.» Belkacem Khencha n'en est pas à son premier procès. Les autorités locales les ont, lui et ses camarades du mouvement, dans le viseur depuis plusieurs mois. Sur cette affaire, Me Ahmine précise : «La direction et le personnel de la prison ne sont pas considérés aux yeux de la loi comme corps constitué. Je ne comprends pas alors pourquoi on lui inflige une telle accusation.»