Plus que quelques jours pour vous rendre au musée du MaMa pour la septième édition du FIAC (Festival international d'art contemporain) qui réunit des artistes de trois continents et s'achèvera jeudi prochain. Sous le titre collectif de «Parenthèses…», des expressions d'une grande diversité dressent une sorte de tableau des courants de l'art contemporain et de ses pistes créatives parfois étonnantes. Au beau milieu de l'immense salle du musée, juste sous la coupole centrale du monument, une autre coupole juchée sur un cube d'environ deux mètres de côté. La particularité de l'ensemble, qui ressemble furieusement aux mausolées de saints en Algérie et dans tout le Maghreb, est d'être conçue entièrement en ferraillage régulier, comme une structure destinée au coulage d'un béton qui ne viendra évidemment pas. La porte en arceau, également métallique, est entrouverte et le sol à l'intérieur est couvert d'un sable ocre, parcouru de dessins en relief, un peu à l'image des jardins japonais, bien qu'il rappelle plutôt les étalages de couscous parcourus par les mains des femmes durant sa préparation et avant son séchage au soleil. Là, nous brûlons, car ce que l'on pouvait prendre seulement pour une allégorie du soufisme par l'évocation des rapports subtils entre le plein et le vide, la forme et le néant, s'avère être aussi et surtout une ode à la mère, celle de l'artiste lui-même, Kamel Yiahiaoui, et qu'il a intitulée «Dar el Sadia» (La maison de Sadia). La légèreté de la construction souligne fortement l'effet de transparence qui n'est pas sans rappeler les lits nuptiaux de La Casbah en fer forgé, mais aussi une cage d'oiseau, ce qui ramène dans la première interprétation à la conception d'un enfant, et dans la deuxième au départ de celui-ci vers d'autres cieux. Les deux hypothèses peuvent être validées, car Kamel Yiahiaoui, qui vit en France depuis de nombreuses années, a confié à Belkacem Tatem le soin de réaliser une vidéo simple, mais qui fonctionne comme un trousseau de clés pour ouvrir les portes de son imaginaire. Un poème, La fenêtre du vent, écrit par l'artiste, et lu par Narriman Sadouni, voix connue de la radio, livre les tréfonds de son émotion à l'égard de celle qui l'a mis au monde. Il y est question de «la mère à la fenêtre penchée» qui «compte les jours évanescents» dans «la mollesse de l'absence qui perdure». Et le tout se déroule ainsi pour aboutir à l'évocation des souvenirs d'une «mémoire baroque» pour «entrer par la porte du temps». Cette porte est bien celle que Kamel Yiahiaoui a dressée au milieu de son architecture symbolique, la laissant volontairement entrouverte pour assumer son dessein poétique. Ces images sont une démonstration de la réussite de cette œuvre qui allie des valeurs ancestrales à l'art contemporain, quand celui-ci, poussé à rechercher sans cesse du clinquant, est hélas souvent désincarné. Il est donc possible, comme l'ont montré d'autres créateurs, de puiser dans le patrimoine et des sentiments tout à fait simples, des idées audacieuses. Merci à Kamel Yiahiaoui auquel «la porte du temps» réserve sûrement de nouvelles aventures créatives. FIAC 2015. Musée d'art moderne et contemporain d'Alger. 25, rue Larbi Ben M'hidi. Jusqu'au jeudi 11 février.