Les routes algériennes continuent encore à tuer et à endeuiller des familles. Le dernier bilan date d'hier. Treize personnes ont trouvé la mort dans un accident de la route ayant impliqué un minibus de transport public et un semi-remorque à Moghrar, au sud de la wilaya de Naâma. Selon la Gendarmerie nationale, le semi-remorque qui effectuait un dépassement dangereux d'un camion s'est retrouvé face au minibus et est à l'origine du désastre. Le croisement frontal s'est soldé par une collision violente. A bord du minibus, sept hommes dont le chauffeur, cinq femmes et une fillette sont tous décédés. «Seul le chauffeur du semi-remorque, actuellement hospitalisé, en est sorti ‘‘indemne''», affirment nos sources. Il était 8h30 sur la RN6, à quelques encablures de la petite agglomération de Draâ Saa, à une quinzaine de km au nord de la ville de Moghrar. Le bus de transport public avait quitté Moghrar pour rejoindre Aïn Sefra. Le semi-remorque, lui, allait en direction de Béchar. Ce drame nous rappelle celui survenu sur l'autoroute Est-Ouest le 26 janvier dernier à Boukadir, dans la wilaya de Chlef. Le carambolage entre trois camions semi-remorque et six véhicules légers avait fait un mort et huit personnes grièvement blessées. Les dernières statistiques publiées en mai 2015 sur les accidents de la circulation routière par le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR) placent l'Algérie à la 98e position sur 190 pays et à la 42e position au niveau africain. Durant le premier trimestre de l'année en question, les routes algériennes ont fait 918 morts et 11 919 blessés. «45 000 durant la même année», rappelle Flora Boubergout, présidente de l'association nationale de soutien aux personnes handicapées El Baraka, jointe par téléphone. «Ce sont les bus de transport public qui font le plus d'accidents. Les gens pensent plus au gain qu'à la vie humaine», s'indigne-t-elle. Flora Boubergout avoue que la plupart de ses adhérents sont victimes d'accidents de route. Zélés Une situation insupportable, selon elle, qu'il faut absolument prendre au sérieux. «C'est du terrorisme routier. Il faut absolument lutter contre ce phénomène, car nous sommes tous concernés. L'implication de tous est plus que nécessaire, insiste-t-elle. Il faut que la société civile, les familles, l'école, les médias et toutes les institution de l'Etat se rejoignent pour contrer ce fléau qui prend chaque jour des vies innocentes.» La présidente d'El Baraka appelle à veiller à l'application des lois et à mettre en place le permis et D. Smaïà points. «Des cortèges de chauffeurs zélés passent devant les policiers sans être inquiétés. Comment voulez-vous lutter efficacement contre les accidents de la route ? s'interroge-t-elle. Je demande aux autorités de faire de l'année 2016-2017 celle de la prévention routière pour pousser nos concitoyens à prendre conscience du danger qui nous entoure.» Les administrateurs de la page facebook Aïn Sefra News rappellent à leurs abonnés l'état des routes de leur région qu'ils décrivent comme «impraticables». «Combien d'accidents sont survenus sur cette route nationale dont les travaux n'ont toujours pas été achevés ? s'indignent-ils. Aucune qualité dans la réalisation des travaux et aucune plaque de signalisation jusque-là. Où sont l'inspection des travaux routiers, l'Etat et la société civile ?» Sur ce point, Flora Boubergout insiste sur le fait que le ministère des Travaux publics doit aussi participer à la campagne de sensibilisation et appelle la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, à introduire dans les programmes scolaires des cours sur la prévention routière car, selon elle, «les élèves d'aujourd'hui seront les chauffeurs de demain». Les dépouilles des treize personnes décédées à Moghrar ont été transférées par les éléments de Protection civile vers la morgue de l'hôpital Mohamed Boudiaf de Aïn Sefra. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie. Selon la même page facebook, les défunts seront enterrés aujourd'hui dans l'après-midi.