Chaque jour qui passe nous apporte la preuve que l'Algérien est un très mauvais conducteur qui ne respecte pas son prochain et qui doit impérativement réapprendre à conduire si l'on espère, un jour, réduire l'ampleur effrayante du phénomène des accidents de la route. Dimanche dernier encore, une tragique collision entre un bus de voyageurs et un semi-remorque, dans le sud du pays, a provoqué 11 morts et 25 blessés, dont certains pourraient, malheureusement, aller grossir les rangs des handicapés qui, la veille seulement, venaient de célébrer leur Journée nationale et rappeler toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Dans une comptabilité morbide partielle faite par la presse, quelques temps avant le drame de In Salah, il est apparu que les accidents de la route ont déjà fait au moins 317 morts et près de 7 000 blessés, depuis le début de l'année. On se souvient, notamment, du tragique accident de Koléa qui avait coûté la vie à trois écoliers fauché par un bus fou et provoqué une vague de mécontentement de la population. Et selon l'association El Baraka pour les personnes handicapées, environ 3 800 personnes impliquées dans des accidents de la route n'échappent à la mort que pour aller rejoindre les deux millions de handicapés et la triste situation qui est la leur. Sans compter les traumatismes engendrés sur l'entourage familial des victimes et les multiples bouleversements de leur vie sociale que les drames entraînent invariablement. «Attention, cela n'arrive pas qu'aux autres !», avertit Flora Boubergoute, présidente de l'association El Baraka, elle-même victime d'un chauffard qui, à 160 km/h, l'a, un jour funeste, condamnée à la chaise roulante. Lutter contre l'hécatombe routière c'est, donc, aussi bien travailler à sauver des vies humaines de la mort qu'à œuvrer à éviter une existence d'invalide forcément malheureuse dans un pays qui n'a pas encore trouvé les moyens d'améliorer les conditions de vie des handicapés et d'alléger leurs souffrances physique et morale. Aujourd'hui plus que jamais, les autorités compétentes sont interpellées, à la fois, pour plus d'efficacité dans la conduite de la politique de sécurité routière (sensibilisation autour des dangers de la route, y compris dans les écoles, rigueur dans l'application de la règlementation, réhabilitation du processus de formation dans les auto-écoles...) et pour permettre aux handicapés de se réconcilier avec la vie et la dignité en leur proposant des solutions pratiques concrètes, par exemple la baisse des prix des tickets de transport, l'amélioration des voies d'accès au sein des stations, la pénalisation des chauffeurs de taxi qui refusent de prendre en charge les handicapés, comme le préconise l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement. S. O. A.