Dans 10 jours, les délégués des 208 associations affiliées à la FIFA éliront le président de l'instance faîtière, en remplacement du Suisse Joseph Sepp Blatter, démissionnaire et suspendu 8 ans de toute activité liée au football suite aux scandales qui éclaboussent cette institution depuis des mois. Les cinq candidats en lice abordent l'ultime virage avant le jour J. Le Bahreïni cheikh Salman et l'Italo-Suisse Gianni Infantino ont pris des longueurs d'avance sur les trois autres candidats, à savoir le prince Ali (Jordanie), Tokyo Sexwale (Afrique du Sud) et Jérôme Champagne (France), qui sont à la peine. Le prince Ali a brisé le silence jeudi, en conférence de presse à Zurich, dénonçant les influences dont font l'objet des Confédérations et Fédérations de la part de deux candidats (Salman et Infantino), et ce, en flagrante contradiction avec le code de conduite et d'éthique de la FIFA. Le prince jordanien est même allé très loin en affirmant : «Si vous n'adhérez pas à la politique des pontes de la FIFA, vous aurez des surprises comme par exemple être versé dans un groupe difficile, vous essuyez des refus d'aide et de subventions pour le programme de développement et être victime d'erreur d'arbitrage.» En quelques mots, le prince Ali a résumé le système Blatter. Difficile d'imaginer un seul instant que cet édifice conçu et monté par Blatter s'écroulera le 26 fèvrier. Les cinq candidats en course ont tous contribué à des degrés différents à la sauvegarde du système dans la mesure où tous font ou ont fait partie de la FIFA. Pendant des années, ils n'ont rien dit, ont cautionné toutes les dérives et soutenu Blatter contre les rares personnes qui ont osé s'attaquer au Valaisan. Des observateurs n'écartent pas l'hypothèse que des affaires et dossiers soient mis sur la table dans les tout prochains jours. Pour déstabiliser quelques candidats. La FIFA et ses démembrements ont besoin d'un profond et radical nettoyage. L'échéance du 26 février ne doit pas être une finalité ou une affaire à expédier très rapidement. Le véritable enjeu consiste à doter la FIFA d'une crédibilité qu'elle a perdue depuis longtemps par la faute de ses dirigeants qui ont érigé la corruption comme mode de fonctionnement. Les cinq candidats présentent-ils le profil idéal ? Pas sûr. Ils ont tous fermé les yeux sur les pratiques maffieuses qui avaient cours au sein de l'institution. Pas un seul d'entre eux n'a jamais dénoncé la voie que Blatter a fait emprunter à la FIFA. Ils n'ont ni la volonté ni les moyens de contrer cette hydre que Blatter a façonnée avec leur aide et leur complicité.