Le Festival international du Conte d'Oran, entièrement conçu et porté par la remarquable association «Le Petit Lecteur» (promotion de la lecture chez l'enfant) avec quelques soutiens essentiellement locaux, met les dernières touches à sa dixième édition qui, malgré le dérèglement des saisons, reste fidèle à l'équinoxe du printemps et aura lieu du 14 au 24 mars. Avec son patrimoine oral ancien et ses créations modernes, la Palestine sera pour la première fois présente à cette manifestation qui se déroule en plusieurs lieux publics de la capitale de l'Ouest. Ce sont près d'une trentaine de conteurs issus de huit pays (outre la Palestine et l'Algérie, Congo, Espagne, France, Liban, Maroc et Tunisie) qui, durant dix jours, arpenteront la ville pour narrer et interpréter des légendes et récits, porteurs de sagesses millénaires ou de valeurs contemporaines. Un registre étendu, inventif et merveilleux destiné autant aux enfants qu'aux jeunes et aux adultes. Cette mise en spectacle d'histoires se déploiera au Théâtre régional Abdelkader Alloula, au Conservatoire municipal Ahmed Wahbi, ainsi que dans plusieurs établissements scolaires et sur les places publiques, dans la tradition des goual d'antan qui exerçaient leur art sur les marchés. La réussite, lors des éditions précédentes, des «contes sur rail», soit des contes présentés à bord des rames du tramway d'Oran, sera renouvelée, au grand bonheur des usagers de ce nouveau mode de transport. De même, la Nuit du Conte, prévue à l'Institut culturel français d'Oran, sera rééditée pour les noctambules amateurs de récits fantastiques. Et comme la sagesse des contes traverse les siècles et s'adapte à toutes les époques, c'est le thème très actuel de «Migration et échange de cultures» que l'association «Le Petit Lecteur» a choisi pour thème de cette dixième manifestation. On annonce d'ores et déjà, parmi tous les magiciens du récit, la participation de conteurs algériens bien connus comme Djamila Hamitou d'Oran, Mahi Sefddik de Sidi Bel Abbès, Fayçal Benattar de Constantine, ou Iddir Farès de Béjaïa pour une plongée dans les imaginaires du patrimoine oral algérien. Un hommage sera rendu en outre à l'artiste-peintre Leïla Ferhat, doyenne des arts plastiques à Oran, qui a toujours contribué aux activités de l'association. En dehors de cet événement annuel, l'association «Le Petit Lecteur» a réussi à développer une activité permanente aujourd'hui reconnue en Algérie comme dans le monde. En dépit de ses difficultés financières, elle a apporté la preuve qu'une action culturelle sérieuse et conviviale peut s'appuyer sur les ressources de la citoyenneté. Un exemple à méditer dans la conjoncture actuelle.