La révolution industrielle et l'exploitation du pétrole et du gaz à grande échelle ont entraîné des gains de productivité et une élévation du niveau de vie sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Pour maintenir cette dynamique de progrès, les acteurs économiques et en particulier industriels doivent cependant faire face aujourd'hui à de nouveaux défis, liés à l'impératif environnemental et climatique d'une part, et à la rareté des énergies fossiles face à une demande mondiale en forte croissance, d'autre part. L'innovation technique a jusqu'ici constitué l'une des principales réponses à cette équation complexe, grâce à une amélioration continue des phases de conception, des process industriels ou des modes de production. Mais les gains d'efficacité rencontrent des limites physiques, dictées par exemple par la thermodynamique du cycle de Carnot dans le cas des turbines à gaz, et que seuls des investissements constants en R&D ou des ruptures technologiques permettent de dépasser comme avec le passage du moteur à hélice au moteur à réaction. Or, dans le contexte macro-économique actuel, la contrainte financière se conjugue à ces barrières physiques et freine ou retarde les investissements publics ou privés pourtant nécessaires à l'optimisation des infrastructures ou au renouvellement en équipements plus performants dans les domaines de l'énergie, de l'eau, des transports, ou de la santé. La révolution immatérielle d'internet permet de s'affranchir de ces faisceaux de contraintes. L'«industrial internet» en connectant les machines, les utilisateurs et les opérateurs de maintenance, transforme dès à présent le monde de l'industrie et introduit un nouveau modèle de croissance. Un seul point de gain en efficacité énergétique au niveau global dans les secteurs industriels tous domaines confondus (énergie, transport, santé) générerait en effet à lui seul plus de 150 milliards de dollars d'économies chaque année. Les analystes du secteur estiment même que l'internet industriel pourrait générer des gains de productivité de l'ordre de 8600 milliards de dollars pour l'ensemble des entreprises industrielles dans le monde au cours des 10 prochaines années, soit plus de deux fois la valeur de l'intégralité du secteur internet marchand destiné aux consommateurs particuliers au cours de cette période. C'est ce potentiel de croissance que la révolution digitale permet de capter. Cette révolution est déjà à l'œuvre. Dans le domaine de la santé par exemple où les données des patients produites à partir de nos équipements médicaux peuvent être transmises et interprétées à distance par les meilleurs spécialistes, ou dans le secteur pétrogazier avec nos technologies Digital X-Ray qui permettent des inspections de canalisations sans film argentique et dont les résultats sont stockés sur le «cloud internet» et exploitables instantanément et dans la durée. La révolution digitale est portée par l'analyse des milliards de données produites par les machines et les utilisateurs. Elle s'affranchit des limites physiques et ne connaît que celle de la puissance de calcul, amenée à doubler chaque année selon la loi de Moore et davantage encore lorsque l'ordinateur quantique verra le jour. L'ensemble des expertises nécessaires à cette mutation est dès à présent maîtrisé par les acteurs du secteur. S'agissant du domaine de la sécurité tant des machines que du cyberespace pour les questions de stockage dans le cloud, mais également dans le domaine logiciel ou du traitement et de l'analyse des 50 millions de flux d'information générés quotidiennement par les 10 millions de capteurs qui équipent déjà les 1000 milliards de dollars d'actifs industriels dont nous assurons la maintenance. En créant sa plateforme dédiée PREDIX, GE a ainsi fait converger ses expertises machine et logicielle dans une solution unique au monde et a été pionnière dans la transformation de la maintenance industrielle réactive vers la maintenance prédictive. Par une analyse comparative et statistique, PREDIX est capable entre autres d'optimiser les cycles de maintenance en les espaçant lorsque le comportement des équipements le permet, ou d'anticiper une panne de manière préventive et éviter un désordre majeur. Les économies potentielles sont significatives dans le secteur pétrolier et gazier par exemple, où chaque semaine dans le monde un puits pétrolifère offshore est à l'arrêt prématuré et génère une perte d'exploitation de 3 millions de dollars par semaine, tandis que le coût annuel moyen d'un arrêt non planifié pour un terminal LNG de gaz naturel liquéfié s'élève à 150 millions de dollars. PREDIX a de plus été pensée comme une plateforme universelle et collaborative. En rendant accessible son code source, PREDIX offre ainsi la possibilité à n'importe quel développeur de créer une application pour son compte propre ou celui d'un client tiers et d'exploiter n'importe quelle machine connectée grâce à un langage voulu universel. Au-delà des acteurs traditionnels de l'industrie, c'est donc un nouvel écosystème et de nouveaux métiers de service qui seront créés autour de l'industrie digitale. Les meilleures solutions technologiques et logicielles sont immédiatement disponibles pour l'Algérie dans les domaines de l'énergie, la santé et les transports. Leur déploiement est non seulement une formidable opportunité de croissance pour le pays, mais aussi l'occasion pour les talents algériens de s'exprimer et de rayonner dans les deux moteurs essentiels de l'économie que sont l'industrie et le numérique.
Par : Touffik Fredj : PDG de GE pour l'Afrique du Nord-Ouest Smaïl Bouderba : PDG de GE Oil & Gas Algeria