Les soirées du 1er festival national de la chanson chaâbie, organisées au Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine Bachetarzi, ont commencé sur les chapeaux de roues. Au premier jour du spectacle, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, qui parraine cette première édition, y a fait une halte. Au cours de son allocution d'ouverture, Mme Toumi ne manquera pas d'encenser tous ces chouyoukh qui ont défendu ce corpus plus que séculaire. Visiblement affectée en évoquant feu El Hachemi Guerrouabi, Mme Toumi fera remarquer que la 1re édition qui réalise un rêve nourri par plusieurs mordus de ce genre musical est l'aboutissement d'un travail longtemps mûri. Pour la ministre, le chaâbi a joué un rôle dans la préservation du patrimoine national. Et à elle d'évoquer ces poètes qui ont contribué à la sauvegarde d'un important pan de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Ainsi, Toumi rappellera au souvenir des férus de musique chaâbie, Cheikh Mustapha Legbabti et Lakhdar Benkhlouf, personnages hauts en couleur et bardes estimés dans leur région et même au delà. Lakhdar Benkhlouf a mis en évidence, à entendre Mme Toumi, le combat des mostaganémois dans la région de Mezeghrane contre l'envahisseur espagnol. Plus d'un siècle plus tard, El Anka, fera écho à ce précurseur en entonnant sa célèbre chanson El Hamdullilah. « Le Centre pour le patrimoine culturel immatériel portant le nom du Cardinal, dont le siège est la villa Mahieddine a été créé pour promouvoir les cultures du terroir », insiste-t-elle. Aussi, elle annoncera qu'une étude pour inventorier l'ensemble des qsaïd et autres chansonnettes chaâbi, ayant fait le bonheur des adeptes de la chanson, tire à sa fin. Mme Toumi fera au passage un clin d'œil à El Hadj El Ankis présent aux premières loges. Bon œil bon pied, celui-ci, présidera le jury de 7 personnalités éminentes qui départagera les 37 candidats finalistes. En première partie de la soirée du vendredi, Meziane Kamel d'Alger, Abar Hamza de Blida, Ammara Mahieddine de Annaba et Kherroubi Abdellah de Mostaganem se sont reliés sur la scène du TNA. Des chansons du cru furent entonnés par ces premiers candidats. L'orchestre, constitué de 17 membres et se trouvant sous la houlette de Zerrouk Mokdad, a fait corps avec eux. Aucune anicroche n'est d'ailleurs signalée. Sans être aucunement affectés par le public, ces amateurs n'ont guère démérité. Le public, remarquant leur ferveur, ne lésinait pas pour les applaudir en lançant des bravos à tout bout de champ. Des youyous fusaient également de partout, créant une atmosphère enjouée dans la salle. L'élève préféré du Cardinal, Abdelkader Chercham, agrémentera la 2e partie de la soirée de ses plus belles qsaïd qui font frémir plus d'un. Celui qui a été pour longtemps dépanneur-mécanicien est spécialiste, faut-il le rappeler, du genre djed. Lauréat du prix du Conservatoire municipal de musique et de déclamation, Chercham est connu pour sa défense du chaâbi. Belahcène Mustapha s'est aussi produit sur les planches de l'ancien opéra. En plus des candidats en lice, Bourdib Kamel et Reda Doumaz se produiront au TNA pour la soirée d'aujourd'hui. Les figures tutélaires ont fait peser un voile sur l'institution que dirige Benguettaf. Une exposition de portraits a été montée dans le hall du TNA, donnant ainsi une solennité certaine au lieu. On peut y voir Guerrouabi, Messaoudi, El Ankis, Mahboub Bati ou encore El Hasnaoui. Abdelkader Bendamache a réussi son coup.