Le film de Liazid Khodja et de Rachid Benallel, Si Muhand U M'hand, l'insoumis, a été montré mardi dernier en avant-première à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth. Quelle est la charge qu'on pourrait faire porter à cette réalisation cinématographique ? Depuis 1997, date de sa première mise en branle, jusqu'à septembre 2004 date de sa sortie, le film Si Muhand U M'hand a écumé la néantisation de l'expression cinématographique entérinée par le gouvernement de 1997 ; un mécénat inabouti de Cherif Rahmani, ex-gouverneur du Grand-Alger ; deux années de l'Algérie en France, qui chacune avait son mot à dire sur le film, offrant et retirant l'aide qui lui était destinée au grés du changement intervenu à la tête du commissariat algérien de cette manifestation ; trois réalisateurs potentiels non retenus ; un matériel cinématographique loué dans l'Hexagone contre toute logique ; et un produit contesté par le conseiller littéraire et historique du film... Si Muhand U M'hand, de Liazid Khodja et de Rachid Benallel est l'histoire d'un film qui a laissé très peu de place au film. Incertain, chaotique, il est à l'image des circonstances qui le voient naître et qui ont fini par « bouffer » ses artisans. Poète errant d'expression kabyle de la fin du XIXe siècle, Si Muhand U M'hand a vécu dans sa chair les premiers effets du colonialisme rampant. Sa vie de bohème, de clochard des temps en friche, lui a ôté de sur les épaules les contraintes de la vie socialisante faisant de sa poésie la voix des silences obligés. Le réalisateur Rachid Benallel dessine le parcours de ce personnage campé par le duo Fodhil Hamla, dans la première partie du film, et Dahmane Aïdrous, pour la fin de vie du poète. Le tout baigné dans un travail remarquable sur les costumes exécuté par Fatiha Soufi. Le film sera projeté jeudi prochain dans les Maisons de culture de Tizi Ouzou et de Béjaïa.