C'est la première fois qu'un candidat désigné par le roi pour former un gouvernement n'est pas investi depuis que l'Espagne a retrouvé la démocratie, après la mort de Francisco Franco. L'Espagne a remis, le 4 mars, ses compteurs politiques à zéro après l'échec de la tentative d'investiture du socialiste Pedro Sanchez, qui avait essayé de former un gouvernement avec le soutien des centristes, notamment Ciudadanos (Citoyens), le parti politique d´Albert Rivera. Le scénario est inédit. La Constitution indique que le roi doit désigner un nouveau candidat pour chercher une majorité. Il peut pour cela lancer des consultations. L'alliance des socialistes et des centristes n'a réuni que 131 «oui» contre 219 «non»... C'est quasiment le même résultat que mercredi dernier. Insuffisant pour que le socialiste Pedro Sanchez prenne la tête du gouvernement. Seule une députée régionaliste des Canaries a changé son vote, de l'abstention au oui, vendredi soir. Pour le reste, tout est pareil. Deuxième tentative et deuxième échec. Le compte n'y est pas car la Chambre des députés est partagée, donc sans majorité. Le PP conserve 123 sièges, le Parti socialiste 90, Podemos et ses alliés 65 et le petit parti de centre droit Ciudadanos 40. La Chambre compte par ailleurs une trentaine de députés de formations nationalistes et indépendantistes catalanes et basques. Comme ils l'avaient fait mercredi dernier, le parti de gauche radicale Podemos et les conservateurs du Parti populaire (PP) ont voté sur la même ligne contre l'investiture de Pedro Sanchez, un professeur d'économie de 44 ans qui dirige le Parti socialiste depuis 2014. Le blocage dure depuis les élections législatives du 20 décembre, où aucune formation s'est révélée en mesure de gouverner seule ou avec ses alliés. Mais pour qu'une majorité naisse, il faut avant tout que les partis fassent évoluer leurs positions. Après le vote, Pedro Sanchez a accusé le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias, d'avoir «trahi les millions d'électeurs qui avaient voté pour le changement» contre la droite au pouvoir depuis 2011. Il a reproché au chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, d'avoir lui-même refusé de se présenter à l'investiture le premier, par peur d'un échec, alors que le PP avait remporté les législatives avec 28,7% des voix. Podemos, qui propose aux socialistes de gouverner en coalition, a voté contre l'investiture de Pedro Sanchez en lui reprochant son accord de programme avec les centristes de Ciudadanos, un parti qu'il juge trop libéral. Pedro Sanchez avait appelé à chasser Mariano Rajoy du pouvoir en résumant ses quatre années de gouvernement en une «période catastrophique» dans les services publics, d'«inégalités» et d'«extension de la corruption». Les partis ont jusqu'au 2 mai pour se mettre d'accord, faute de quoi des élections anticipées seront organisées le 26 juin.