Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a exhorté hier les producteurs nationaux de médicaments à saisir l'opportunité pour investir dans l'exportation. «La situation actuelle de notre pays l'exige. Le gouvernement est aujourd'hui conscient de cette exigence et il est déterminé à mettre en place les conditions nécessaires pour y arriver», a-t-il déclaré à l'ouverture des travaux de la Journée nationale pharmaceutique organisée par le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) qui fête son vingtième anniversaire. Il signale que le secteur de la santé doit renforcer sa production. «Il y a une volonté politique pour accompagner la production nationale et les pharmaciens d'officine. La nouvelle loi sanitaire consacre un grand chapitre à la pharmacie», a-t-il indiqué avant de rappeler que durant la semaine dernière une réunion a regroupé, au siège du Premier ministère, des représentants de pharmaciens, du Snapo, de l'UNOP et du SAIP, des ministères des Finances, de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et du Travail et de la Sécurité sociale dans le but d'examiner tous le obstacles rencontrés par les acteurs de la pharmacie. Une seconde réunion est prévue dans trois semaines afin de mettre au point certaines dispositions. Des textes réglementaires seront également revus, ce qui constitue un premier acquis pour les pharmaciens, a-t-il indiqué tout en faisant allusion à la révision des marges des pharmaciens qui seront probablement revues à la hausse. Pour le président du Snapo, cette Journée nationale pharmaceutique est une rétrospective de toutes les contributions du pharmacien d'officine dans la promotion et la protection de la santé durant ces 20 dernières années. «Le pharmacien d'officine est l'un des acteurs a avoir encouragé le médicament générique et surtout ceux de la production nationale. Le Snapo a également accompagné l'instauration du tarif de référence, l'élargissement du tiers payant et la réussite de la carte Chiffa, et ce, grâce aux efforts et aux sacrifices des pharmaciens», a déclaré le président du Snapo, Belmabri Messaoud, tout en affirmant que beaucoup reste à faire tel que la préparation au passage des vignettes à code-barres qui viennent d'être officiellement adoptées par le ministère du Travail et la Sécurité sociale. «Notre combat porte également sur la révision des marges du pharmacien et des marges incitatives en faveur de la production nationale tout en faisant la distinction entre le médicament princeps et le produit fabriqué localement», a-t-il encore souligné. Essor de la production nationale du médicament Le directeur de la pharmacie au ministère de la Santé, le Dr Hafed, a, de son côté, noté que la production nationale est actuellement en plein essor puisque «les capacités de production locale ont été multipliées par cinq ces dix dernières années. Il y a eu beaucoup d'efforts consentis dans la protection de la production nationale. La liste des médicaments interdits à l'importation et fabriqués localement a atteint aujourd'hui 358 produits. La révision des prix de certains médicaments à l'importation a permis de réduire la facture. Cette révision a touché 800 produits, soit une baisse de 7%», s'est-il félicité tout en signalant que durant l'année 2015, 240 certificats d'enregistrement de médicaments à l'importation vers l'Afrique ont été délivrés par le ministère de la Santé. Le président de l'UNOP, le Dr Kerrar, a, quant à lui, mis l'accent sur les perspectives et le développement de la production nationale qui a connu une croissance annuelle de 17%. Il a ainsi rappelé que la crise économique aura des répercussions sur le secteur, et ce, jusqu'au dernier maillon qui est le pharmacien. «La consommation des médicaments est appelée à augmenter sans cesse pour plusieurs raisons, dont la transition épidémiologique et démographique, la dévaluation du dinar, la commercialisation des produits de biotechnologie, l'arrivée de nouveaux brevets sur le marché, etc.», a-t-il énuméré. Et de rappeler que des solutions peuvent être mises en place pour justement diminuer cette hausse de la facture à la consommation. Pour lui, la réduction des délais d'enregistrement, la négociation des prix à la baisse, la rationalisation quantitative sont, entre autres, quelques solutions, dont certaines ont déjà été adoptées par le ministère de la Santé. «D'autres mesures doivent être également mises en place afin de contenir l'importation, telles que la responsabilité pharmaceutique, revoir les dispositions relatives aux cahiers des charges par rapport à la note technique et économique, mettre en place un cadre réglementaire pour les médicaments issus des biotechnologies, etc. Tout cela doit se faire dans une transparence totale», a-t-il recommandé.