La venue d'une équipe médicale américaine composée de quatre éminents professeurs en neurochirurgie infantile, dont un détient le prix Nobel de médecine, accompagnés d'anesthésistes, de rééducateurs et de paramédicaux, est annoncée à l'hôpital Mohamed Boudiaf de Médéa à partir du 22 avril prochain. La mission de ces praticiens américains volontaires, qui va séjourner durant une semaine, aura pour but de transmettre aux chirurgiens algériens de nouvelles techniques en vue de diminuer la durée d'hospitalisation et éviter aux patients des complications post-opératoires fâcheuses trop fréquentes. Aussi, elle prêtera main-forte pour opérer le plus grand nombre de nouveau-nés et bébés atteints par une maladie paralysante nommée Spina-bifida. Neuf interventions seront programmées au quotidien. Selon la docteur Leïla Djadi, spécialiste en neurochirurgie infantile à l'hôpital de Médéa, «il s'agit d'une maladie gravissime et pesante due à une absence de fermeture des arcs postérieurs vertébraux, qui peut entraîner des malformations plus ou moins sévères de la moelle épinière. Les plus fréquents des Spina-bifida avec méningocèle sont lombaires, mais ils peuvent êtres dorsaux ou même cervicaux. Ils s'accompagnent d'une très grande fréquence d'importants désordres neurologiques (paraplégie, incontinence sphinctérienne, insensibilité des membres inférieurs, cécité, etc.)». Donc l'intervention chirurgicale est plus que recommandée, souligne-t-elle, et ce, dans les premiers 72 heures de vie post-naissance du nouveau-né pour obtenir de bons résultats, insiste-t-elle. Dix ans de rééducation L'opéré devra ensuite suivre pendant longtemps et en permanence une rééducation fonctionnelle qui peut durer jusqu'à dix années afin de lui permettre de récupérer lentement et progressivement ses facultés physiques jusqu'à un certain taux de mobilité, du moins sur une chaise roulante. Notre interlocutrice invite ses confrères et consœurs en génécologie à prescrire à leurs patientes dès les premiers mois de la grossesse de l'acide folique bénéfique au fœtus jusqu'à un taux de 80% pour éviter ces anomalies dues au Spina-bifida. «C'est une pathologie lourde de conséquences pour ces nouveau-nés qui ouvrent pour la première fois leurs yeux à la vie», soupire-t-elle. Malheureusement, à l'hôpital de Médéa, nous dit-on, ces nouveau-nés n'avaient pas auparavant cette chance d'être opérés dès les premières heures de leur vie à cause d'une invraisemblable question d'anesthésie. Donc les risques s'aggravaient et les chances de réussite de l'opération s'amoindrissaient avec cette perte de temps, bien que le centre hospitalier n'ait jamais manqué de médecins anesthésistes. Cette situation, indique-t-on, a poussé certains parents aisés à faire opérer leurs enfants ailleurs et même en Tunisie, mais pour les démunis, ils n'avaient pas d'autre alternative que de prendre leur mal en patience. Enfin, pour donner un impact à cette importante opération, la première du genre, et tout l'intérêt qu'elle doit comporter, un comité médical multidisciplinaire a été mis sur pied récemment composé de neurochirurgiens, neurologues, chirurgiens infantiles, rééducateurs et pédiatres en vue de préparer minutieusement les conditions de travail et l'accueil chaleureux qu'on doit réserver à ces médecins américains volontaires, hôtes de la ville millénaire de Médéa. Le grand mérite de ce lien d'amitié et d'humanité entre les deux corps médicaux revient à des médecins algériens exerçant en Amérique, qui ont su faciliter et tisser des contacts en jetant des passerelles malgré la distance qui sépare les deux pays, prouvant que le progrès de la science et de la médecine n'a pas de frontière. Il doit être à la portée de toutes les couches de l'humanité pour sauver des enfants souffrant de maladies gravissimes. Ainsi, une liste des malades a été ouverte, elle comporte déjà 72 noms de nourrissons qui devraient être opérés. Un travail préliminaire est entrepris au sein de l'hôpital pour préparer les petits patients aux examens radiologiques et aux bilans biologiques. La wilaya s'engage à prendre en charge les frais de l'IRM pour les bambins dont les parents ont de faibles revenus. En parallèle, l'administration de l'hôpital profitant de la dimension médiatique que prendra cette opération médicale a entrepris des travaux d'embellissement pour relooker l'établissement et le moderniser en vue de le mettre au diapason de cet événement important, tout en redorant évidemment son blason d'antan, à une époque où ce fleuron de la médecine régionale portait l'appellation de «perle du Titteri».