«Il faut une prise de conscience pour la restructuration du champ spirituelle national», a souligné Brahim Tazaghart. Les intervenants lors du colloque national sur «La dimension spirituelle dans le patrimoine amazigh» organisé, samedi et hier, par l'Association nationale des zaouïas et la direction des affaires religieuses, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, ont évoqué plusieurs aspects liés au «rôle important» joué par les hommes de culte amazighs dans les zaouïas afin de préserver les valeurs de la société algérienne. Selon Mokhtar Azzi, un participant venu de Tamanrasset, les Amazighs ont contribué à la diffusion de l'islam dans d'autres pays africains comme ils ont créé Tombouctou, cette ville d'une grande dimension scientifique. «Les populations Tombouctou sont issues des ethnies et courants religieux différents, mais ont cohabité dans une parfaite harmonie grâce à l'apport des Touareg», a-t-il expliqué. Tandis qu'un autre conférencier a parlé de la poésie spirituelle kabyle. «Le colonialisme français a fait un ravage pour effacer toutes les traces de la culture amazighe. Il a incendié plus de 70 bibliothèques en Kabylie, dont celle des Ath El Mouhoub. La dimension spirituelle a été le socle qui a réussi à maintenir l'unité du peuple devant les tentatives du colonisateur qui voulait manipuler les différences ethniques des Algériens. L'islam était écrit déjà en tamazight, durant la période des Croisades», a-t-il été précisé par les intervenants qui ont estimé que les zaouïas et les mosquées ont participé de manière effective et soutenue à l'enrichissement de la culture et du patrimoine amazighs. De son côté, Brahim Tazaghart, auteur, a précisé qu'il y a aussi des arabophones qui ont écrit sur tamazight, en citant Toufik El Madani et M'Barek El Mili. Ce dernier, a-t-il rappelé, «a parlé de Koceila et Dihia dans son livre Histoire de l'Algérie ancienne. Il y a aussi des orientalistes qui ont évoqué, dans leurs publications, notre langue. Tamazight peut participer à la promotion de l'islam, et ce, à travers un grand travail de traduction», a-t-il plaidé tout en ajoutant qu'une nouvelle étape difficile s'annonce dans la généralisation de la langue amazighe dans tous les domaines de la vie publique. «La production côté spirituel, en général, s'est appauvrie parce que l'islam maghrébin traditionnel a été combattu par l'islam wahhabite porteur d'incertitudes sociales et de déstabilisation de l'Etat. Il faut une prise de conscience pour la restructuration du champ spirituel national», a insisté M. Tazaghart qui estime que la liberté de culte favorise la paix et apporte des valeurs d'apaisement. Il s'agit de revenir à l'islam ancestral, a-t-il soutenu. «Dans notre pays, il y a une crise de spiritualité à laquelle il faudra apporter des solutions correctes et surtout urgentes», a-t-il fait remarquer. Par ailleurs, rappelons que l'ouverture du colloque national sur la dimension spirituelle dans le patrimoine amazigh, abrité par la maison de la culture de Tizi Ouzou, a été rehaussée par la présence du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. Il a déclaré que les wilayas de Bouira, Béjaïa, Ghardaïa, Tamanrasset, Timimoun et Beni Senous, dans la wilaya de Tlemcen, organiseront prochainement des rencontres pour développer des thématiques similaires à celle abordée à Tizi Ouzou.