En face du Premier ministre français, ce dimanche, il y avait un homme aux yeux hagards et à la bouche entrouverte, signes évidents d'un grave problème de santé. Une image qui fait actuellement le buzz sur les réseaux sociaux, y compris dans des contrées éloignées comme la Chine ou l'Australie. Le visage émacié de Bouteflika, que Manuel Valls a découvert avec un certain étonnement, illustre tout le drame que vit un pays pourtant jeune et riche. C'est le masque d'un homme malade et fatigué que l'on maintient au pouvoir alors qu'il n'a plus les moyens physiques et mentaux de l'assumer. Car derrière Bouteflika, une faune d'hommes politiques et d'oligarques tentent d'asseoir leur suprématie pour assurer une succession qui préserve leurs intérêts. Tant que cette succession n'a pas été réglée au sein du sérail, le président Bouteflika sera toujours là à l'occasion des visites diplomatiques. Jusqu'en… 2019. Sauf que cela commence à agacer passablement la vox populi, qui se sent «humiliée» ou «ridiculisée» par ces images du Président qui le présentent comme un homme devenu impotent. Des images que beaucoup de citoyennes et de citoyens disent ne plus supporter du tout. La majorité demande à Bouteflika de se retirer pour un repos bien mérité. La visite de Manuel Valls — sur fond de scandales financiers qui éclaboussent des responsables politiques tels que Abdessalem Bouchouareb et l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil — est une autre occasion qui permet à l'opinion nationale et internationale de mesurer l'étendue de la catastrophe dans laquelle le pays est plongé sur les plans politique et économique. En effet, les institutions de l'Etat sont depuis longtemps littéralement paralysées par l'immobilisme et l'absence d'objectifs ou d'orientations clairs de la présidence de la République. Outre le Premier ministre Abdelmalek Sellal, il s'avère qu'il y a d'autres centres de décision difficiles à identifier. Des ordres ou des décisions sont donnés pour être tout de suite après annulés par on ne sait qui. De quoi laisser perplexes tous les commis de l'Etat, habitués à plus de rigueur. Certains ont même décrété que l'Etat algérien est en danger de… mort. L'alarmisme gagne des pans entiers de la société tant le pouvoir en place prend à la légère les menaces bien réelles qui pèsent sur l'Algérie. Ceux qui «jouent» la carte Bouteflika contre tout bon sens doivent savoir qu'ils prennent une lourde responsabilité devant les hommes et devant l'histoire. Il est temps d'appeler à l'application de l'article 88 de la Constitution et de mettre fin à cette longue mascarade devenue insupportable pour tous les Algériens.